Tiré de Inprecor no 714 2023-11
Par Piero Maestri
Depuis deux semaines se tiennent quotidiennement des rassemblements, des manifestations et des initiatives diverses en solidarité avec la Palestine et les Palestinien·nes. Ces initiatives connaissent une grande participation, surtout de la part des jeunes, femmes et hommes.
Parmi les principales manifestations qui se sont déroulées, on retiendra particulièrement celle de Milan qui, deux samedis de suite, a vu descendre dans la rue au moins 4 à 5000 personnes. Les manifestations ont été appelées par les associations de Palestinien·nes, en particulier par les associations de jeunes. La majorité des participant·es étaient des hommes et des femmes (et parfois des familles entières) originaires des pays des régions arabes. Et parmi ceux-ci, une énorme participation de jeunes garçons et surtout de jeunes filles, comme acteurs conscients, et avec une forte implication individuelle et collective.
Les jeunes de seconde et de troisième générations, animé·es par de forts principes, plus moraux que politiques, ont voulu transmettre divers messages.
Avant tout, il est évident que la Palestine, abandonnée et oubliée par les gouvernements du monde entier, et particulièrement par les gouvernements des régimes arabes, reste une composante importante dans l’identité politique et culturelle de ceux qui viennent de cette région. On a pu le constater ces dernières semaines lors des manifestations de colère qui se sont déroulées dans ces mêmes pays arabes, de la Tunisie à la Jordanie, et du Liban à l’Irak. Et ça a été la même chose en Europe et en Italie.
Il a été écrit qu’on n’y avait vu aucune condamnation explicite des ignobles actions du Hamas. C’est vrai, et c’est un élément auquel il faut prêter attention. Mais il faut constater également que les débats sont « bombardés » par une rhétorique insupportable sur le « droit à l’autodéfense » d’Israël, alors que la Palestine demeure toujours absente, oubliée, sauf quand éclatent de nouveaux conflits armés. Éviter la destruction de Gaza et de ses habitants devient pour les militant·es l’objectif unique et nécessaire.
Il est aussi évident que ces cortèges représentent pour ces jeunes l’occasion de porter dans les rues de villes pas toujours accueillantes pour eux leur présence, leur corps et leur voix. Une occasion fondamentale pour affirmer leur existence, faire entendre leurs voix qui ne demandent qu’à être écoutées, sans être traités de façon souvent paternaliste et condescendante. Ce sont les mêmes jeunes qui ont manifesté ces dernières années, en Italie, pour revendiquer leur droit à la citoyenneté italienne, mais qui ne veulent pas réduire leur appartenance politique à cette reconnaissance qui leur paraît (et à juste titre) parfaitement naturelle.
Dans les manifestations – en plus des centres sociaux autogérés, dans lesquels se rencontrent déjà différentes identités nationales et de jeunesses, et dans lesquelles souvent s’organisent les migrant·es – sont présents également les multiples acteurs d’une gauche qui a quelques idées, mais confuses : les groupes « communistes » les plus divers et variés, et ce qui reste d’une gauche radicale « internationaliste » traversée par mille contradictions – de l’absence de la reconnaissance du droit à l’autodéfense du peuple ukrainien à la non-participations aux actions des femmes iraniennes. Des forces en quelque sorte incapables d’ouvrir la réflexions sur les contradictions que nous sommes en train de vivre, et simplement satisfaites de pouvoir agiter son drapeau.
Ce ne sont certainement pas ces groupes qui réussiront à communiquer ou en tout cas à entrer en relation avec les acteurs de la jeunesse qui se sont exprimés sur ce thème comme sur d’autres (solidarité avec les migrants, mobilisation contre le changement climatique…)
Piero Maestri est militant à Milan de Communia Network, membre de la IVe Internationale en Italie.
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