À ma connaissance, les grands médias n’ont pas parlé de la « guerre sans fin » que Macron poursuit en Afrique. Il y a peu de temps, un chasseur-bombardier a tiré « par erreur » sur un mariage au Mali, faisant un véritable carnage. Depuis des années, le dispositif qu’on appelle la « FrançAfrique » (élites politiques et économiques, mafieux, militaires, etc.) assassine au Mali, au Burkina, au Niger, au Tchad, sous prétexte de la lutte contre le « terrorisme ». Il y a des gens, dont Macron, qui sont responsables de cela.
Le même Macron est celui qui a surmilitarisé la police et encouragé de tirer sur les Gilets jaunes, « coupables » d’avoir pris la rue. Des tas de gens ont perdu un œil, une main, restent estropiés à vie. Peu importe, c’était pour protéger la loi et l’ordre, disait-on. Où sont passés les coupables ?
On n’a pas le droit, disent nos experts patentés et mercenaires de la pensée unique de comparer tout cela. Les gouvernants protègent les droits, la constitution, les institutions. Les révoltés sont des « terroristes », quitte à vouloir effleurer la sale gueule d’un président.
Cette « logique » est aujourd’hui, aux yeux d’une grande partie de la population, discréditée. On sait pourquoi la moitié des incarcérés aux États sont des Africains-américains, pour la plupart des p’tits dealers sans espoir. Alors que les voleurs en cravate et les prédateurs dans le genre de Trump bénéficient de l’impunité qui leur permet de rester sur leur terrain de golf.
On sait que le génocide des autochtones au Canada n’a rien à voir avec les excès de quelques dépravés, mais découlent d’une logique systémique, mise en place dès l’avènement de l’État sous la coupe d’un bandit nommé John A. MacDonald (par ailleurs célébré d’un bout à l’autre du pays). C’est le même MacDonald qui avait dit qu’il fallait assassiner Louis Riel, « légalement », même s’il fallait pour ce faire fermer la gueule de ces « chiens de canadiens-français ».
Pourrait-on dire que tout cela est de l’histoire ancienne ? Si on est malhonnête, on peut faire semblant d’oublier que la prédation des territoires et des peuples autochtones continue en dépit des excuses pleurnichardes. On peut regarder et ailleurs et ne pas voir que le pétrole des sables bitumineux continue de couler à flot menaçant peuples et environnement. Des propriétaires sans foi ni loi expulsent des démunis de leur logements dans Parc-Extension. C’est « légal », c’est le « droit de propriété ».
Plus encore, les blindés et autres armes de destruction canadiennes continuent de filer vers les riches pétromonarchies du Golfe qui massacrent des centaines de milliers de Yéménites. Justin Trudeau peut dire au nouveau premier ministre israélien Naftali Bennet (qui qui se vante publiquement d’avoir tué, de ses mains, des tas d’arabes), qu’il est content de partager avec l’État de l’apartheid israélien les « mêmes valeurs », alors que la population de Gaza meurt à petits feux des suites des sauvages bombardements du mois passé.
Où sont les droits ? Où est la « défense des institutions » ? Qu’est-ce que veut dire une démocratie qui protège une poignée d’oligarques qui disposent de plus de revenus que la moitié de la population de la terre ?
Mais selon nos appareils médiatiques, lancer des insultes ou des tartes à la crème au visage des gouvernants, c’est inacceptable. Les peuples n’ont pas le droit de se révolter, comme en Colombie, en Haïti, au Liban. L’État canadien et ses alliés leur dit, « respectez la loi ». C’est ce que disait le régime « légal » de l’apartheid en Afrique du Sud, ce que le Canada avait endossé en approuvant plus ou moins discrètement l’emprisonnement des « terroristes » comme Nelson Mandela.
Les dominés devant cela sont indignés, en colère, souvent désarçonnés. Ils répliquent comme ils le peuvent, et cela aboutit parfois à des actes dérisoires (la fausse claque contre Macron en étant une). Quelques fois, c’est plus sérieux. Cela a porté un nom au Québec : le FLQ. Certes, l’idée de renverser un régime pourri par la force était insensée. Mais souvenez-vous qu’à l’époque, une grande partie de la population s’était sentie interpellée, pour ne pas dire en accord avec le Manifeste du FLQ qui appelait les choses par leur nom. La colère des Paul Rose de l’épique était légitime, même si les moyens étaient mal choisis. Et c’est pourquoi il faut célébrer cette mémoire des révoltés, en évitant de se faire coincer dans de mauvaises tactiques.
Aujourd’hui, et c’est ce qui nous empêche de trop déprimer, la colère de « ceux d’en bas » est 1000 fois plus forte, créative, intelligente. La peur est en train de changer de camp. Et c’est pourquoi il faut s’attendre à plus de répression, puisque les mensonges des dominants perdent leur efficacité.
Un vieux fou-sage de l’époque l’avait si bien dit, « on a raison de se révolter »…
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