Il y a ceux qu’on ne comptera plus et qui sont tombés
Celles qui ont roulé dans le bas-côté du chemin
Qui s’y sont désagrégées
Dont on a perdu la trace
Ceux et celles errant perdus aux méandres de nos mémoires
Éclairés parfois par le soleil du souvenir
Puis avalés par l’ombre.
Il y a les pas qu’on doit faire l’un après l’autre
Malgré toute cette lourdeur d’oubli
Lourdeur de mort
Qui s’attache à nos chevilles.
Pourtant, nous avançons
Acharnés, infatigables
Que le pas soit léger
Qu’il soit de plomb
D’un allant d’allégresse ou ornés d’une buée de larmes
L’un après l’autre, les pas…
Tous ces pas insignifiants d’apparence
Qui mènent à ceux-là,
Ceux qu’on fait avec une certitude telle
Que tous les autres font sens.
Alors, de partout
De nulle part
De tous les coins
De chaque méandre
Des voix s’élèvent.
Dans la foule innombrable
Les visages portent lumière
Pour compter à nouveau.
Ils sortent dans le jour.
Elles offrent leur visage au vent.
Et l’écho de leur pas à nouveau résonne
Le long des murs de nos cités
Où tremblent encore quelques tremblants
Dans les ténèbres où nous ne retournerons plus.
Manon Ann Blanchard