Couper dans l’essentiel
Statistique Canada a chiffré la hausse de l’Indice des prix à la consommation à 5,3 % pour le Québec entre octobre 2020 et octobre 2021. Le prix des aliments a bondi de 4,1 % et celui du logement de 4,7 %. « La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement reconnaît qu’il doit agir sur ce front et il dit vouloir "remettre de l’argent dans le portefeuille des Québécois". La mauvaise nouvelle, c’est que ce gouvernement ne semble rien comprendre à la réalité des personnes en situation de pauvreté », déplore la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière.
« Le premier ministre n’a parlé nulle part de lutte contre la pauvreté dans son dernier discours d’ouverture, tout comme il a ignoré nos multiples appels à aider financièrement les personnes en situation de pauvreté pendant la crise sanitaire. Pourtant, les personnes en situation de pauvreté sont les plus touchées par de telles augmentations du coût de la vie.
« Quand tu n’arrives déjà pas à couvrir tes besoins de base, la moindre hausse du loyer, du prix de la nourriture ou des tarifs d’électricité t’oblige à couper dans l’essentiel, dans ce qui te faisait déjà défaut ! N’en déplaise au gouvernement, des gens ont faim au Québec, et il devrait s’inquiéter du fait que la fréquentation des banques alimentaires continue d’augmenter — 37 % de 2019 à 2021 selon le réseau des Banques alimentaires du Québec. »
3 mesures urgentes pour les personnes en situation de pauvreté
Devant l’urgence de la situation, le Collectif propose trois mesures qui pourraient être mises en œuvre sans délai pour permettre aux personnes en situation de pauvreté de souffler un peu :
1. La bonification du crédit d’impôt pour solidarité
En utilisant ce mécanisme qui est déjà en place, le gouvernement pourrait assurer rapidement une aide d’urgence aux quelque 2,8 millions de ménages à faible et moyen revenu qui y sont admissibles (donnée de 2018). L’augmentation pourrait faire l’objet d’un versement unique, option qu’a privilégiée le gouvernement canadien au printemps 2020 avec le versement unique supplémentaire de la TPS de 290 $.
2. L’augmentation des prestations d’assistance sociale
Les personnes assistées sociales n’ont eu droit à aucune aide financière supplémentaire du gouvernement québécois depuis le début de la crise sanitaire. Pour leur donner un coup de pouce rapidement, il serait possible, par exemple, de devancer l’indexation de leurs prestations du 1er janvier au 1er décembre. Le gouvernement pourrait aussi enfin ajuster le montant des prestations pour tenir compte de la révision des seuils de la Mesure du panier de consommation (MPC) par Statistique Canada en septembre 2020 et ainsi respecter les cibles (très minimalistes) du dernier plan de lutte contre la pauvreté.
Rappelons qu’actuellement les personnes au programme d’Aide sociale touchent des prestations d’aussi peu que 708 $ par mois et arrivent à couvrir à peine la moitié de leurs besoins de base.
3. La hausse du salaire minimum
Le 2 novembre, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a ouvert la porte à une augmentation du salaire minimum à 15 $, comme vient de l’annoncer l’Ontario. Mais tout le monde sait que cela demeure nettement insuffisant pour permettre aux gens de sortir de la pauvreté. Pourquoi le gouvernement ne donnerait-il pas un coup de barre en annonçant d’ores et déjà une hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure ? (Il s’agit de la nouvelle revendication du Collectif et de plusieurs autres organisations.)
Deux rappels au gouvernement
En terminant, la porte-parole du Collectif tient à rappeler deux choses au gouvernement :
« D’une part, s’il est urgent d’agir pour donner un peu d’air aux personnes en situation de pauvreté, cela ne devrait surtout pas lui servir de prétexte pour relancer le Québec sur les chemins tortueux de l’austérité budgétaire. Les services publics et les programmes sociaux ont déjà trop souffert des dernières vagues de compressions et il reste beaucoup de chemin à faire pour en améliorer la qualité et les rendre plus accessibles à toutes et à tous.
« D’autre part, la mise en œuvre des mesures proposées par le Collectif ne saurait dispenser le gouvernement de s’attaquer au problème de fond, à ce scandale qui perdure : environ une personne sur dix n’arrive pas à couvrir ses besoins de base au Québec. Même si la lutte à la pauvreté ne figure pas à son agenda, le gouvernement devra tôt ou tard assumer ses responsabilités. Chaque jour, son inaction devient un peu plus indécente. »
Note : Le Collectif pour un Québec sans pauvreté mène actuellement une campagne éclair pour faire connaître ses trois propositions au gouvernement et lui expliquer pourquoi il est urgent d’agir : https://www.pauvrete.qc.ca/minibudget2021/
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