Le 2 octobre 2024, le gang Grangrif, connu pour ses exactions et crimes dans les communes de Petite-Rivière et de Liancourt, a massacré au moins 117 personnes et blessé grièvement plusieurs dizaines d’autres à Pont Sondé dans le département de l’Artibonite. En dépit de l’ampleur du carnage, cet événement crapuleux n’a rien de surprenant puisque les organisations paysannes ont alerté à plusieurs reprises les responsables de l’État sur l’imminence d’une telle attaque. Rien n’a été fait pour mettre hors d’état de nuire les cohortes criminelles du gang Grangrif et assurer la protection et la sécurité de la population.
Loin d’être un hasard, l’indifférence du gouvernement constitue une conséquence de l’orientation et de la politique gouvernementale. En effet, le premier ministre et le CPT sont proactifs dans les promesses creuses, les campagnes de propagande sur la sécurité dans différentes tribunes et plateforme de communication.
Par contre, ils se révèlent incapables de poser le moindre acte concret visant à rétablir la sécurité publique. Ils sont aussi très actifs dans la pérennisation des pratiques de corruption et de pillage des maigres ressources de l’État, comme en témoigne le scandale des trois conseillers-présidents dans le dossier de la Banque nationale de crédit (BNC).
Cette tendance se confirme un peu plus lorsque le CPT et la primature choisissent de faire main basse sur les fonds alloués au service d’intelligence. Ces comportements, si besoin était, viennent prouver que l’intérêt de la population est le cadet des soucis de ces conseillers-présidents qui ne pensent qu’à se remplir les poches. Pour allier le cynisme à l’indécence, même un discours hypocrite n’est prononcé pour rassurer la population en détresse.
Cette insouciance criminelle du CPT et du gouvernement Conille ne se limite pas à la politique intérieure. Elle se manifeste également dans la diplomatie. Actuellement, des centaines de milliers de ressortissant.e.s haïtien.ne.s sont victimes de campagne de discrimination et de racisme dans plusieurs parties du monde sans le moindre accompagnement des services consulaires et diplomatiques haïtiens. Un cas emblématique est la menace de déportation de l’État dominicain de près 10 000 haïtiens par semaine, mise en exécution depuis plusieurs semaines. Comme d’habitude, ces rapatriements par l’État dominicain se font à l’encontre des normes minimales des droits humains lors de l’arrestation, l’emprisonnement et le transport des ressortissant.e.s haïtien.ne.s.
Le gouvernement haïtien se contente de crier au scandale et au racisme. Comme dans le cas de la politique intérieure, cette crise migratoire met en lumière l’inaction du gouvernement dans la gestion du pays depuis plus de 6 mois. Loin d’être un accident, cette apparente nonchalance témoigne d’un modèle de gouvernance dans lequel l’improvisation constitue un axe central.
REHMONCO salue la mémoire des personnes victimes des massacres perpétrés par les gangs à travers le pays, notamment à Pont Sondé dans le département de l’Artibonite. Il appuie l’initiative de nombreuses organisations populaires de reprendre la mobilisation contre l’inertie des autorités de l’État dans le dossier de l’insécurité.
En ce sens, REHMONCO soutient le choix des mouvements sociaux haïtiens d’adopter une journée de deuil national le 31 octobre 2024 en mémoire des victimes des massacres perpétrés par les gangs. Date hautement symbolique commémorant l’assassinat, en 1919, par les troupes américaines d’occupation du militant patriote, anti-impérialiste Charlemagne Péralte.
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