Il est temps de faire grève !
La lutte des enseignants est cruciale pour la lutte des employés du secteur public et de l’ensemble de la classe ouvrière polonaise.
Depuis de nombreuses semaines, le conflit s’aggrave entre les enseignants et le gouvernement de Droit et Justice (en polonais : Prawo i Sprawiedliwość, PiS). A la base de ces tensions se trouve la négligence des divers gouvernements capitalistes successifs. Le travail des enseignants est de première importance, mais les représentants de cette profession sont aux prises non seulement avec des augmentations de salaires minimes, mais aussi avec des charges bureaucratiques croissantes et avec la pression des autorités ainsi que des parents eux-mêmes.
Leurs problèmes reflètent ceux de l’ensemble du secteur public, qui souffre d’un sous-financement chronique et d’une réglementation bureaucratique dépassée. Le secteur de l’éducation comme l’ensemble du secteur public est confronté à des pressions extérieures résultant de raisons idéologiques. L’idéologie capitaliste et les principes de la reproduction du capital conduisent à penser que, depuis la restauration du capitalisme en Pologne, l’éducation est une industrie au même titre que les autres et qu’il faut donc y appliquer les méthodes capitalistes d’organisation et de gestion. En d’autres termes, les écoles fonctionnent comme des sociétés capitalistes.
Il en résulte que les enseignants sont traités comme de la main-d’œuvre bon marché et comme des employés d’une entreprise fournissant un certain type de services, et non comme des spécialistes clés responsables du développement intellectuel de la société. En raison des bas salaires et des maigres budgets, personne ne devrait être surpris que le niveau de l’enseignement soit critiqué par les gens de divers horizons. Les réglementations en vigueur, les exigences des entreprises et les salaires de misère font planer le doute quant à la survie de cette profession. La crise de l’éducation menace dans tout le pays.
Les enseignants entendent à juste titre s’en prendre à cette question des plus urgentes. Ils réalisent intuitivement que, sans résoudre les problèmes économiques fondamentaux du secteur de l’éducation, il est difficile de développer la science et la culture. L’attitude intransigeante du gouvernement, qui subventionne volontiers les entreprises privées mais étouffe tout aussi volontiers les besoins salariaux des employés du secteur public, doit faire face à une lutte de classe de grande ampleur. Cette lutte coûte très cher aux travailleurs, mais comme les faits le démontrent, la grève est une méthode efficace pour améliorer są condition. C’est ce qu’à démontré la bataille des employés de LOT[la compagnie aérienne nationale].
La lutte des enseignants suplante les divisions syndicales. Les dirigeants du syndicat Solidarité (Solidarnosc), derrière Piotr Duda, essaient d’obéir au gouvernement en raison de leurs liens politiques avec les dirigeants du PiS. Mais la base syndicale est au courant de cette situation et est prête à faire grève. Les syndicats ZNP et FZZ sont officiellement à la tête de la grève, mais ce sont en fait les enseignants ordinaires qui n’ont eu jusqu’ici aucun contact avec les syndicats qui sont la force motrice du mouvement. Il s’agit donc d’un processus de masse qui peut non seulement apporter des avantages économiques aux enseignants, mais aussi des avantages politiques. Cette pression populaire des masses enseignantes oblige les syndicats à radicaliser leurs actions.
Le succès possible de cette grève pourrait encourager les enseignants à devenir plus actifs au sein des syndicats, ce qui rendrait ces derniers plus viables et permettrait d’accroitre l’affiliation syndicale dans les écoles privées et les écoles publiques où les syndicats sont jusqu’à présent absents.
Cette protestation a aussi un contenu politique important : le comportement des dirigeants et les manœuvres des médias nous font réaliser que le nœud du problème est le transfert des relations de production capitalistes au secteur de l’éducation. Le gouvernement capitaliste et ses administrations scolaires recourent largement aux contacts avec le secteur privé de l’éducation. Ils s’efforcent actuellement de mobiliser les enseignants des écoles privées pour agir comme briseurs de grève. La résistance de la communauté enseignante est toutefois trop grande pour qu’une telle manœuvre réussisse à long terme.
Les enseignants luttent non seulement pour leur existence, mais aussi pour que la logique capitaliste ne détruise pas le secteur de l’éducation. Le but du capital est de faire de l’éducation un outil pour imposer l’obéissance. La lutte des enseignants est un autre symptôme de la lutte de l’ensemble du secteur public pour des salaires plus élevés, face à des années de « gel » des salaires malgré la bonne situation économique.
Les enseignants ont besoin de la solidarité des autres travailleurs. La lutte de classe montre que plus les masses de travailleurs engagés sont grandes et unies, plus les gouvernements capitalistes sont prêts à faire des concessions. Par conséquent, la meilleure défense des droits des travailleurs est l’offensive des travailleurs. Nous avons besoin d’une lutte commune entre les employés du secteur public – enseignants, facteurs, travailleurs de la santé, personnel administratif, etc. – pour la réalisation de leurs revendications.
Une grève générale du secteur public peut briser le gouvernement capitaliste et donner aux travailleurs la possibilité d’obtenir le respect de leurs droits. C’est pourquoi Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière) appelle à la solidarité avec la lutte des enseignants, à la participation aux actions de grève et à une lutte commune ! L’unification des travailleurs du secteur public dans la lutte permettrait d’augmenter le taux de syndicalisation. Mais nous avons également besoin d’élaborer une plate-forme politique commune visant à représenter les intérêts de la classe des travailleurs contre ceux du capital et de la droite nationaliste pour qui l’éducation est un moyen de renforcer son influence idéologique. C’est l’heure de la grève générale !
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