L’idée d’en faire un opéra l’accompagnera pendant plusieurs années puisque ce ne sera qu’en 1933 qu’il parviendra à obtenir les droits d’adaptation scénique du livre. Durant l’été 1934, Gershwin ira installer ses pénates dans un village côtier de Caroline du Sud, à dix milles de Charleston où vivait une importante population afro-américaine. C’est à cet endroit qu’il composera l’opéra Porgy and Bess.
Résumé
Summertime, un soir d’été, dans le village de pêcheurs de Catfish Row certaines personnes dansent, d’autres s’adonnent à des jeux de rue. Un jeune homme éclopé et mendiant qui se prénomme Porgy, demande où est Bess ? Cette femme qu’il aime secrètement. Bess a une relation avec Crown, un débardeur particulièrement violent. Ce dernier, lors d’une rixe, tue Robbins, puis se cache des forces de l’ordre. Bess se réfugie auprès de Porgy qui la prend sous son aile protectrice. Crown ne veut pas que Bess le quitte. Il revient rôder dans le village de Catfish Row à la recherche de son ex-amante. Porgy, malgré son handicap, va l’affronter physiquement. Un seul des deux protagonistes survivra : Porgy.
Bess a une sérieuse dépendance à la poudre blanche. Sporting Life, un dealer local qui lui donne des sachets de cocaïne, réussira à la convaincre de le suivre à New York. Une fois libéré, Porgy apprendra ce qui s’est passé durant son absence. Il ne se laissera pas décourager et décidera, avec beaucoup de détermination, de prendre la route, avec les moyens du bord, pour aller retrouver Bess, la femme qu’il aime. Cet opéra tient en trois actes et s’apparente à une sorte de Roméo et Juliette d’un ghetto noir américain et les sujets abordés sont toujours d’actualité (drogue et violence à l’endroit des femmes). La musique est parfois d’inspiration jazz et la quasi-totalité de la distribution est accordée à des Afro-Américains. Ce qui a fait scandale à l’époque.
Commentaire
Tout au long de l’écoute de cet opéra, je me demandais : qu’est-ce qui pourrait bien faire scandale aujourd’hui dans un monde où la dénonciation de l’appropriation culturelle est au poste de commande. La distribution afro-américaine ou Gershwin, un compositeur à la peau blanche ? Se pourrait-il que la sensibilité chez la personne humaine corresponde à un invariant (et non un invariable) ? La sensibilité serait-elle une constante ? Est-ce seulement l’objet du scandale qui ne fait que varier dans le temps ? Y a-t-il et y aura-t-il toujours quelque chose dans la vie sociale ou artistique qui ne cessera de soulever l’adhésion des unEs et l’indignation des autres ?
Yvan Perrier
28 juin 2021
yvan_perrier@hotmail.com
BIBLIOGRAPHIE
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