C’est en s’appuyant sur une étude scientifique allemande ayant montré une corrélation entre les taux élevés de cancers infantiles et le fait de vivre à proximité d’une centrale nucléaire que les réalisateurs Guylaine Maroist et Éric Ruel démontent avec application le mythe de la sécurité des centrales nucléaires.Une notion martelée et par l’industrie, et par la majorité des gouvernements liés à cette industrie.
Gentilly or not to be :
Projection au Cinéma Beaubien, mardi 11 septembre à 19h.
Diffusion sur Télé-Québec, lundi 17 septembre à 21 h.
En effet, on ne parle pas ici de risques d’attentats terroristes ou d’explosion due à un tremblement de terre (peu probable dans l’imaginaire populaire), mais bien de pollution radioactive au quotidien. Celle qu’on ne voit pas, mais qui fait augmenter les taux de cancer chez les moins de 20 ans vivant en périphérie des centrales, dont celle de Bécancour près de Trois-Rivières. Et les chiffres sont éloquents.
Comme l’affirme un radiobiologiste interrogé sur Gentilly-2, « Si vous voulez fonder une famille, ne le faites pas à Bécancour ou dans un rayon de 10 km ».
Et en voici la raison : alors que les autorités de la santé publique de la région trifluvienne s’attendaient à recenser 29 cas de leucémie chez les moins de 20 ans vivant dans un rayon de 25 km autour de la centrale, il en a été dénombré pas moins de 40, soit 27 % de plus que la moyenne québécoise. Mais bien sûr, ceci ne prouve rien. Rien scientifiquement. Seulement que beaucoup de résultats de recherche se suivent et se ressemblent.
Car les résultats de l’étude réalisée en Allemagne (KIKK) laissent planer peu de doute quant au lien entre cancers et centrales nucléaires : les taux de leucémies chez les enfants augmentent à mesure que l’on s’approche des centrales, atteignant 220 % par rapport à la moyenne nationale pour les données relevées dans un rayon de 5 km.
Ou cette étude française publiée dans la revue International Journal of cancer au début de l’année et qui faisait état pour la période de 2002 à 2007 de cas de leucémie deux fois plus fréquents chez les enfants vivant à proximité de centrales nucléaires.
Mais bizarrement, il n’existe aucune étude publique au Québec sur laquelle se baser pour mesurer l’impact de Gentilly sur la santé de la population. Officiellement, parce que l’échantillon de population est trop petit pour conduire une étude significative.
Mais s’il existe un lien probable entre cancer et centrale nucléaire, pourquoi alors vouloir à tout prix la reconstruction de Gentilly-2 ?
Surtout quand on prend en compte la faible production d’énergie : 3 %. Surtout quand on se questionne sur l’entreposage des déchets radioactifs : 2500 tonnes. C’est d’ailleurs la question la plus pertinente que pose le documentaire. Et la réponse que donne Thomas Mulcair à ce sujet est édifiante.
La bonne nouvelle, (parce qu’il en faut une), c’est que cette centrale est en fin de vie et qu’il nous reste encore une chance de ne pas la voir réouvrir jusqu’en 2040. Mais pour ça, il va falloir se mobiliser, en commençant par diffuser l’information.
Les personnes qui auront l’occasion de voir Gentilly or not to be à Montréal ce soir au Cinéma Beaubien, à 19h, auront d’ailleurs la chance de discuter avec des membres de l’équipe du film après la projection. Quand aux autres, le documentaire sera diffusé sur Télé-Québec le lundi 17 septembre.
Il est d’ailleurs très regrettable qu’il n’ait pas été diffusé avant les élections comme l’ont souligné des représentants du mouvement Sortons le Québec du nucléaire (dont Greenpeace fait partie). Selon eux, sa diffusion plus tôt aurait pu aider les électeurs à faire un choix éclairé par rapport aux engagements des partis sur cet enjeu majeur.
Mais comme le dit la sagesse populaire « mieux vaut tard que jamais ! »
Espérons que le nouveau gouvernement minoritaire pourra tenir sa promesse de faire fermer Gentilly-2. Il nous reste encore quelques mois pour rendre ça possible.