C’est parfois le cas relève un spécialiste du syndicalisme étatsunien, Dan La Botz, quand ces questions deviennent un enjeu localement, « quand elles ont un impact direct sur l’emploi » ou sur le financement des services publics.
C’est avec ces éléments historiques en tête qu’il convient de mentionner deux résolutions provenant de la « base » syndicale au Québec. La première est une résolution de l’exécutif du Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal (STCPEML-CSN) adoptée le 28 novembre 2023 qui demande un cessez-le-feu immédiat et appuie des activités d’éducation populaire sur l’occupation et la colonisation de la Palestine , notamment.
La seconde résolution a été adoptée à l’unanimité le 16 février 2024 par le Conseil syndical du Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ-UQAM). Les délégué.es des 1 200 membres affirment notamment leur solidarité avec les syndicats et les organisations de la société civile tant en Palestine qu’en Israël qui sont en faveur d’un cessez-le feu immédiat et dénoncent la prolifération de propos et gestes racistes, antisémites, antipalestiniens, islamophobes.
Au-delà de ces déclarations, le Conseil syndical interpelle directement le Conseil d’administration, la Fondation et les responsables des fonds de pension (des retraites) de l’UQAM et leur demande de procéder à « un examen de leurs engagements et placements financiers pour s’assurer qu’ils ne contribuent pas au soutien d’entreprises et d’activités économiques directement liées à la poursuite des hostilités à Gaza ».
Le Conseil syndical demande également à la CSN, la Centrale syndicale qui représente plus de 320 000 travailleurs et travailleuses, « de solliciter et de coordonner des dons de la part de ses organisations membres en vue d’une contribution commune au fonds d’urgence de l’Organisation internationale du travail pour les personnes travailleuses à Gaza ».
Enfin, le Conseil syndical dénonce les autorisations de ventes d’armes à Israël par le Gouvernement canadien et demande « à la CSN de s’impliquer énergiquement dans le mouvement de dénonciation de ces autorisations ».
Cette dernière résolution syndicale a été adoptée le jour même où la Cour internationale de justice notait « que les évènements intervenus tout récemment dans la bande de Gaza, et en particulier à Rafah, “entraineraient une aggravation exponentielle de ce qui est d’ores et déjà̀ un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales insondables” ». La CIJ estimait également que la situation exigeait « la mise en œuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024 » et rappelait que « l’État d’Israël demeure pleinement tenu de s’acquitter des obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide ».
D’autres syndicats "de base" ont peut être adopté des résolutions sur le sujet. Nous n’en savons rien. On ne sait pas non plus le suivi qui sera fait de ces résolutions. Mais, compte tenu du silence quasi-absolu du patronat, des gestionnaires de fonds de pension et des centrales syndicales depuis le 7 octobre 2024, ces deux résolutions de la « base syndicale » nous semblaient mériter d’être rappelées.
Camille Popinot
Illustration : CISO, https://www.ciso.qc.ca
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