Pour l’organisme, il est clair que le manque d’alternatives au marché privé, qui occupe 90 % du parc locatif québécois, contribue à la crise actuelle. « Trop de locataires n’arrivant pas à s’y loger décemment doivent choisir entre un logement trop cher, inadéquat, trop petit, insalubre. Les plus précaires sont maintenant à grand risque de se retrouver à la rue », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, rappelant que déjà en 2021, 373 615 locataires au Québec vivaient dans un logement ne respectant pas leur capacité de payer, dont la moitié avait un revenu de moins de 1 983 $ par mois. « Quand on sait que le loyer moyen au Québec a atteint 1 022 $ et que les rares logements disponibles sont beaucoup plus dispendieux, ça ne laisse pas grand-chose pour manger, se déplacer, se soigner, etc. Dans le contexte, le logement social, sous ses différentes formes (HLM, coopératives et OSBL d’habitation) est un élément incontournable et les besoins sont immenses ! Si nos demandes répétées de doter le Québec d’un plan pluriannuel de développement du logement social, hors marché privé, on n’en serait pas là. Il est encore temps d’agir, mais il faut le faire vite et avec le financement suffisant ».
Selon le regroupement de défense du droit au logement, pour sortir de la crise, il faut à moyen terme se doter de la perspective de doubler le parc de logements sociaux.
Selon le FRAPRU, la confirmation la semaine dernière que 2574 nouveaux logements recevaient une partie du financement prévu lors de la mise à jour économique de novembre pour du logement social « et abordable » est une bonne nouvelle, même s’il déplore que ce ne soient pas exclusivement des projets de logements sociaux qui seront financés par les fonds publics. « Cependant, sachant que des milliers d’autres projets d’habitation sociale et communautaire sont en élaboration, le gouvernement ne peut se contenter de miser sur les sommes déjà prévues. Les besoins sont immenses et diversifiés à travers le Québec et les conséquences dévastatrices de la crise du logement vont continuer de prendre de l’ampleur si on n’y répond pas adéquatement. Alors que le projet de loi 31 adopté hier à l’Assemblée nationale, n’inclut pas les mesures structurantes de protection contre les évictions, le logement social est plus que jamais nécessaire pour mettre fin à la précarisation d’un nombre croissant de locataires », insiste la porte-parole.
Faisant référence au thème des consultations prébudgétaires « Faire les bons choix pour le Québec », le FRAPRU presse le gouvernement Legault de faire les choix fiscaux et budgétaires qui s’imposent afin de renforcer le filet social. Au regard de l’ampleur des besoins, le logement social doit être une priorité de son prochain budget. « C’est le moment de donner un grand coup, en augmentant substantiellement la part de logements hors marché privé. Pour ce faire, le lancement d’un chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans est nécessaire. Un tel chantier permettrait non seulement d’accélérer la construction neuve, mais également l’acquisition de bâtiments résidentiels locatifs pour les sortir du marché spéculatif, tout en protégeant les locataires en place. Assurer de la prévisibilité aux milieux communautaire et municipal est incontournable et ne peut se réaliser que par une programmation pluriannuelle », termine-t-elle.
Selon le FRAPRU, alors que de nombreux écueils persistent dans le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) et que ce dernier est mal adapté aux impératifs relatifs au logement social, le gouvernement doit mettre en place promptement un programme complet, durable et spécifiquement dédié au logement social afin de s’assurer que les projets financés lèvent de terre plus rapidement.
Enfin, le regroupement regrette de ne pas avoir obtenu de rencontre prébudgétaire avec le ministère des Finances pour présenter son mémoire et ses recommandations. « Ne pas vouloir écouter les organismes communautaires qui portent la voix des locataires mal-logés en pleine crise du logement, ça en dit long sur la manière dont sont orientées les consultations », déplore Véronique Laflamme. Afin de faire entendre autrement son message, le FRAPRU mène actuellement une opération de visibilité sous le thème La clé, c’est le logement social et invite la population à y participer : https://www.frapru.qc.ca/cle/
Un message, un commentaire ?