Tiré du blogue de l’autrice.
Que pouvons nous écrire d’autre que notre colère est immense, mais qu’elle reste ridicule face à notre impuissance et désespoir face aux atrocités en cours à Gaza ? Que pouvons-nous écrire face au vide médiatique qui entoure l’un des plus grands drames humanitaires de notre siècle, et qu’à cela s’ajoute le triste cirque politique et les petites polémiques qui viennent encombrer les fils d’actualités ? Que cela dit-il de nos sociétés quand un tweet, une parole publique prend plus de place dans les journaux que le massacre continu d’enfants innocents en Palestine ?
Cela fera bientôt près de 500 jours qu’Israël bombarde sans relâche le petit territoire de 365km2. Est-ce que l’on se rend compte de ce que peuvent représenter 435 jours de bombardements intensifs, de raids, d’exécutions sommaires, d’un espace en permanence survolé par des drones, de confrontations à des corps déchiquetés, aux cris de douleurs des survivants. 435 jours où il faut réfléchir à la survie, à trouver à manger, à trouver de l’argent, trouver un refuge, pleurer ses morts, pleurer une vie volée, pleurer un futur incertain et un passé dont l’occupant a volé tous les souvenirs. 435 jours sans silence et sans repos.
Avons-nous mesuré l’ampleur de la souffrance et la destruction que représentent ces 435 jours chez les Palestiniens ? Avons-nous même conscience de l’indicible douleur dans lequel est plongé le peuple palestinien, des cœurs qui seront impossibles à reconstruire, des corps amputés, des traumatismes, des familles entièrement rayées des registres de l’état civil et d’orphelins inconsolables que la colonisation a privés de tout avenir ?
Est-ce qu’ici, dans cette vieille Europe, qui se rabougrit un peu plus sur elle-même chaque jour et retourne à ses vieux démons fascistes, oui est-ce qu’ici allons-nous accepter une fois de plus que l’humanité viennent s’échouer à nos portes dans une indifférence glaciale ? Que font nos dirigeants, si ce n’est s’adonner à un spectacle pitoyable aussi bien sur la scène internationale que nationale ? N’y a t-il pas dans le lot une personne raisonnable qui puisse rappeler que le droit de vivre en paix s’applique à tous, Palestiniens compris, et que faire cesser la barbarie israélienne devrait être notre priorité ? Qu’avons-nous fait en 435 jours, si ce n’est trahir le destin d’un peuple tout entier ?
Irons-nous fêter avec les Palestiniens, la fin de ce génocide, si seulement un jour cette machine de mort se termine, oui irons-nous fêter comme nous avons célébré la libération du peuple Syrien après 54 années de dictature et autant d’indifférence générale face à leurs souffrances, tortures et exil ? Nous vivons un génocide en direct, il est documenté et s’incruste entre deux story Instagram. On y voit l’horreur, le désespoir et l’agonie d’un peuple tout entier. Et pourtant, Israël éradique toute vie humaine dans le nord de Gaza et intensifie ses bombardements dans le centre de l’enclave, en toute impunité.
C’est aussi 435 nuits d’errance pour les exilés gazaouis partout dans le monde, à qui l’on demande aussi l’impossible : continuer d’aller travailler, d’aller à la préfecture, d’aller en cours tout en assistant à l’anéantissement de leurs proches et de leur pays, trouver les moyens d’envoyer de l’argent à Gaza, vivre avec la culpabilité d’être en sécurité, et survivre seul loin des siens.
Combien de vies seront nécessaires aux Palestiniens pour se relever quand on sait qu’il faut parfois plus d’une vie pour surmonter un seul deuil. Combien d’autres nuits sous les bombardements allons nous imposer à des millions d’enfants, de femmes et d’hommes ? Allons-nous continuer d’abandonner les Palestiniens dans le pire ? Allons-nous continuer de nous taire au lieu de dénoncer l’horreur de la colonisation, qui nous éloigne chaque jour un peu plus de notre humanité ? Nos silences et renoncements face au génocide en cours nous condamnent tous. Il faut que les décomptes macabres cessent, et qu’un cessez-le-feu à Gaza soit exigé et appliqué.
Les vies Palestiniennes comptent. Elles sont riches, diverses et uniques. Il est de notre devoir de les protéger, et de ne jamais les écarter de notre humanité.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?