Comme des milliers de Québécois, je suis inquiet de voir la propriété de nos plus grandes ressources naturelles être cédée à vil prix. J’ai alors cosigné cette lettre avec un certain nombre de personnalités afin de marquer notre désaccord avec la braderie de notre patrimoine collectif, à laquelle se livre le gouvernement du Québec.
Nous, citoyennes et citoyens du Québec, reconnaissons le patrimoine collectif que nous ont légué Adélard Godbout, Jean Lesage et René Lévesque avec :
* la prise en charge de notre potentiel énergétique à partir de 1944 et la nationalisation des infrastructures de production, distribution et transport d’électricité ET de gaz naturel de la Montréal, Light, Heat and Power, et la création d’Hydro-Québec puis, * la tenue par le gouvernement Lesage, en 1962, d’une élection générale anticipée à caractère référendaire sur le thème « Maîtres chez nous » afin d’obtenir de la population le mandat de nationaliser les entreprises œuvrant dans le domaine de la production, du transport et de la distribution de l’électricité.
Les résultats de cette consultation électorale furent éloquents tant en termes de vote populaire que de distribution des sièges à l’Assemblée Nationale. Jean Lesage, grâce à ce mandat non équivoque, a pu prendre possession au nom du Québec de ses ressources électriques pour le mieux-être de TOUS les Québécois et Québécoises.
C’est ainsi qu’Hydro-Québec est devenu un « navire amiral » de l’économie québécoise et l’un des principaux symboles de fierté du peuple québécois. Son existence a favorisé le développement d’une extraordinaire expertise mondialement reconnue, en plus de générer au Québec des revenus colossaux et des centaines de milliers d’emplois au fil des années.
Le gouvernement du Québec a ensuite nationalisé, dans la foulée de l’élection de 1962 et par le truchement de la SOQUIP tout d’abord, puis ensuite d’Hydro-Québec gaz et pétrole, les droits d’exploration et d’exploitation du gaz et du pétrole du Québec.
Le gouvernement du Québec cède nos droits à notre insu
Or, le gouvernement actuel a cédé à des entreprises privées et souvent étrangères, sans en avoir le mandat, à notre insu et manifestement pour une bouchée de pain, les droits sur notre pétrole, notre gaz et même le développement de notre vent.
Il a ainsi posé un geste extrêmement grave qui nous porte préjudice tant au plan individuel que collectif. Ce geste antidémocratique va à l’encontre du mandat donné par le peuple du Québec à ses prédécesseurs.
Rappelons que toute velléité de privatisation de nos ressources énergétiques allant à l’encontre du précédent créé aurait dû faire l’objet d’une consultation populaire où la volonté de redonner le contrôle de nos ressources énergétiques à des intérêts particuliers, comme c’était le cas avant 1962, aurait dû être clairement énoncée.
Le gouvernement doit reprendre possession de nos droits d’exploration et d’exploitation
Compte tenu de ce qui précède, nous exigeons que le gouvernement reprenne immédiatement possession de ces droits d’exploration et d’exploitation de nos ressources énergétiques qui constituent notre bien commun. Il n’est pas question ici de nationaliser ces sources d’énergie. C’est chose faite. Elles nous appartiennent déjà, et nous n’acceptons pas d’en être dépossédés. Advenant un refus, nous devrons considérer ce gouvernement coupable de spoliation de biens publics appartenant au peuple québécois et dont l’État est fiduciaire.
Ce que le peuple du Québec a fait, seul le peuple du Québec peut le défaire.