Édition du 17 décembre 2024

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Gaz de schiste

Gaz de schiste - La récolte de fruits amers

Le contraire aurait été surprenant. Le taux de satisfaction et la popularité du gouvernement Alward ont chuté sensiblement depuis trois mois : quinze pour cent depuis trois mois. Quels sont les principaux éléments de cette insatisfaction croissante ?

Le premier est évident : la politique et surtout le discours du gouvernement touchant à l’exploration et à l’exploitation du gaz de schiste. Les appréhensions des citoyens portant sur ce secteur énergétique ne cessent de se répandre d’une région à l’autre de la province.

Ce qui est surprenant, par contre, c’est le discours persistant du gouvernement dans le dossier du développement du gaz de schiste. Partout où l’exploration du gaz de schiste est envisagée ou en voie de développement, les méthodes employées par l’industrie gazière sont l’objet de contestations populaires.

L’information circule rapidement à propos des problèmes qui peuvent survenir. Or, les interventions publiques du gouvernement du Nouveau-Brunswick à propos du gaz de schiste ne cherchent qu’à justifier le développement de l’industrie, mais peu de ces interventions fournissent de l’information sur l’évolution de la technologie qui pourrait éviter les problèmes les plus répandus liés à l’exploitation de ce gaz. Dans ce dossier, le gouvernement Alward a en quelque sorte tourné le dos à l’un de ses principaux engagements : la consultation des citoyens sur des questions qui les touchent.

Les nombreux voyages aux États-Unis de représentants du gouvernement, visant à s’informer sur place des méthodes d’exploration et d’exploitation du gaz, n’ont pas débouché sur une volonté de mieux l’encadrer. Presque chaque fois, on revient avec le même message : « Nous sommes allés voir, et tout se passe bien. » S’il est vrai qu’au pays de l’Oncle Sam l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste sont bien répandues, que ce ne sont pas tous les puits qui posent problème, il est tout aussi vrai que de nombreux problèmes ont été signalés.

Ignorer ces derniers ne peut rassurer l’inquiétude des citoyens qui soupçonnent que leur région est visée par l’industrie gazière. Une manifestation concrète du gouvernement de sa volonté de bien étudier la problématique et de forcer les sociétés gazières à la résoudre serait un premier pas dans la direction que souhaitent les gens inquiets des activités de ces sociétés.

Et puis, il y a la question de l’éducation. En particulier dans les régions francophones de la province, les intervenants en éducation sont de plus en plus critiques à l’endroit des compressions budgétaires imposées par le gouvernement. Les intervenants s’époumonent à prévenir le gouvernement que ce n’est plus possible de continuer à comprimer les dépenses en éducation sans toucher à sa qualité. Avec plus ou moins de succès. Le ministre de l’Éducation, Jody Carr, a semblé concéder au début de l’été qu’il serait difficile de comprimer les dépenses sans affecter la qualité de l’éducation prodiguée dans les écoles publiques de la province.

Par dessus le marché, il y aurait des discussions au gouvernement qui touchent à la gouvernance de la gestion de l’éducation, qui prendrait la forme d’une fusion des districts scolaires. C’est une perspective qui ne plaît guère aux conseils d’éducation de la province, comme en témoignaient les déclarations de la présidente de la Fédération des conseils d’éducation, Anne-Marie Gammon, publiées hier dans le journal.

Les annonces successives de pertes d’emplois au Nouveau-Brunswick n’aident certainement pas le gouvernement Alward à maintenir sa cote auprès de l’électorat de la province. Le gouvernement comptait sur une économie vigoureuse pour garnir ses coffres ; ce ne sera pas le cas, du moins en ce qui concerne l’année 2011. Le déficit risque donc d’être plus grand que celui prévu, ce qui n’annonce rien de très intéressant pour le prochain budget qui sera présenté en février ou en mars.

Si on se fie au dernier sondage, en mai après le budget, les électeurs n’ont pas tenu rigueur au gouvernement d’avoir pris des décisions difficiles. Au sondage de mai, le gouvernement Alward bénéficiait d’un taux de satisfaction de 68 %, malgré les décisions annoncées dans le budget. Ce qui semble déranger l’électorat, c’est l’obstination du gouvernement à ne pas entendre ses protestations en ce qui touche l’éducation et l’énergie.

Cet article est tiré de l’Acadie Nouvelle du 7 septembre 2011.

Jean Saint-Cyr

L’Acadie Nouvelle

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