Fugace,
Dans cette rue où j’ai marché mille fois,
Portée par la foule des visages
Ou seule dans le jour encore humide de sa nuit,
J’ai senti parfois les bras de ma ville
M’étreindre
Fugace,
Car tu es là parfois,
Avec ta haine ou ton instinct qui flaire mon sang
Qui guette la moindre distraction
Car je suis seule dans la foule
Ou dans l’aube
Et ni la rue ni la pierre de ces façades
Ne peuvent rien pour moi.
Fugace,
La peur, l’amour, la plénitude
Ne s’enracineront pas en moi
Car je ne suis pas d’ici, ni d’ailleurs
Proie tant que tu chasseras,
Je suis du ventre de ma mère et de nulle part
Je porte ma singularité en oriflamme
Je me bute aux portes closes
Sauf en cet instant
Fugace
Où tu m’ouvres les bras
Où je te porte en moi
Où la caresse du regard
Glisse sur le granit
Où mille visages déportent
Où le chasseur est chassé
Et que je suis, un instant
Fugace
Quelque part chez moi
Au cœur vibrant de la marée d’humains qui déferlent
Pour vivre ailleurs
Maintenant.
Manon Ann Blanchard 1er septembre 2022
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