De 2009 à 2015, la dette du Québec a augmenté de 48 milliards, dont le tiers est le résultat de déficits budgétaires cumulés. La majeure partie de l’accroissement de la dette provient des investissements du gouvernement en immobilisations et des placements, prêts et avances destinés aux sociétés d’État.
Pendant ces six années, le gouvernement a par ailleurs déposé 6 milliards dans le « Fonds des générations », dont l’objectif est de réduire le rapport de la dette au Produit intérieur brut (PIB). Ce rapport est néanmoins passé de 52 % en 2009 à 55 % en 2015. Sans versements au Fonds, il aurait été de 56,5 % en 2015. Les 6 milliards déposés dans le Fonds ont permis de réduire d’à peine 1,5 point de pourcentage la hausse du rapport dette/PIB.
Et cela n’est qu’un timide avant-goût. Ce sont 13 milliards que le gouvernement déposera dans le Fonds des générations entre 2015 et 2020, devant porter le rapport de la dette au PIB à 49 % en 2020. Ici encore, il est utile de savoir que sans versements dans le Fonds, le rapport de la dette au PIB serait de 52 % en 2020.
On peut se demander s’il est opportun, pour gagner trois modestes points de pourcentage, de sacrifier 13 milliards qui manquent dramatiquement aux fonds publics.
On est par ailleurs frappé par le contraste entre ces 13 milliards destinés à la réduction du poids de la dette et les sommes anémiques, quatre fois moindres, que le gouvernement consacre à son « Plan économique du Québec » destiné « à favoriser la croissance ». D’autant plus que, sur les 3,4 milliards prévus à cet effet, les deux tiers ne verront le jour qu’au cours des deux dernières années du plan. Le plan ne prévoit que 121 et 361 millions de dollars respectivement pour les deux premières années. Cela est d’autant plus dramatique que c’est par une croissance du PIB supérieure à celle de la dette qu’on peut espérer voir le rapport dette/PIB diminuer.
UN PORTRAIT CATASTROPHISTE
S’il est bien connu que l’endettement du Québec (en pourcentage du PIB) est plus élevé que ceux du Canada et des autres provinces, on ne saurait souscrire au portrait catastrophiste que le gouvernement fait de la situation pour justifier des mesures d’austérité qui menacent l’intégrité des services publics. Une étude récente publiée par HEC Montréal est venue appuyer l’alarmisme gouvernemental. Aux fins des comparaisons internationales de l’endettement, elle recourt à une mesure qui se réclame abusivement de la « méthode de calcul de l’OCDE ».
Telle que définie par l’OCDE, cette mesure comptabilise les engagements financiers de l’ensemble des administrations publiques : gouvernement central et gouvernements de paliers inférieurs. Elle exclut les entreprises des gouvernements, ainsi que les engagements envers les régimes de retraite.
Contrairement à ce que soutiennent le gouvernement et de nombreux économistes, cette mesure n’a pas à inclure une portion de la dette du gouvernement du Canada, proportionnelle au poids du Québec dans l’ensemble canadien. Le Québec n’a en effet aucune responsabilité dans les décisions du gouvernement fédéral qui mènent à l’accumulation de sa dette, ni aucune responsabilité de payeur de dernière instance de cette dette.
Il est remarquable que cette prétention d’ajouter une portion de la dette du gouvernement du Canada dans le calcul de la dette du Québec ne soit jamais formulée à l’égard du calcul de l’endettement des autres provinces. Si on le faisait, l’Ontario, qui compte pour 40 % de l’économie canadienne se retrouverait dans la moitié des pays les plus endettés de l’OCDE.
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