La main invisible pour compenser les compressions
La dernière lubie du premier ministre ? Introduire un marché interne des fonctionnaires pour pallier le manque de personnel causé par ses propres compressions budgétaires ! Le projet pilote utiliserait une monnaie interne appelée « Buro » (dans le sens de bureaucrate... ça ne s’invente pas !), qui permettrait aux directions des divers services de se payer les services de fonctionnaires - que l’on présume paresseux puisqu’ils ont du temps - en échange du temps de leurs propres fonctionnaires.
Selon le Ottawa Citizen, qui a révélé l’affaire, le document mentionne que les gens « répondent bien aux incitatifs » et que le « Buro » permettrait de mieux répondre aux besoins à court terme que l’embauche de nouveau personnel. Cette nouvelle façon de faire permettrait même de réduire significativement les heures supplémentaires.
Alors, où est le problème ?
Le problème n’est pas dans l’implantation de mesures de collaboration entre les ministères, loin de là ! Le comité qui a proposé ce projet a été mis sur pied en novembre 2012 et il avait initialement pour but d’explorer les liens entre les médias sociaux et l’élaboration des politiques publiques ainsi que de nouveaux modèles pour impliquer le public dans le développement des programmes gouvernementaux. Voilà deux objectifs parfaitement louables. Malheureusement, le comité n’examina pas ces avenues.
En fait, le problème réside dans le contexte. Le projet pilote que le gouvernement conservateur songe à implanter s’inscrit dans une logique de compressions budgétaires massives de plusieurs milliards de dollars. On peut donc se questionner sur les effets bénéfiques qu’auront les « Buro » pour une fonction publique déjà surmenée.
Bon pour les fonctionnaires, pas pour l’environnement
Cette décision du gouvernement Harper a de quoi étonner lorsqu’on la compare aux positions de son parti sur l’environnement. Souvenons-nous de la détermination sans faille des troupes du Parti conservateur quand vient le temps de s’attaquer à la possibilité d’un marché du carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les conservateurs en ont même fait un cheval de bataille contre Stéphane Dion lorsque ce dernier était chef du Parti libéral du Canada.
Résumons : cette méthode serait bonne pour répartir le travail des fonctionnaires, mais elle serait nulle et sans effet particulier pour la protection de l’environnement. Pour ma part, c’est clair que ce n’est pas la logique qui guide le gouvernement, mais bien une démarche idéologique.