« Les travailleurs sont vraiment en colère », fait remarquer Michel Daigle, président du Syndicat des travailleurs d’Olympia (CSN). « Malgré plusieurs jugements en notre faveur, voilà qu’Olymel se moque carrément de nous en engageant de nouvelles contestations. Olymel peut bien étirer les procédures sur sept, dix ou vingt autres années, nous, on va être là comme un seul homme, comme on l’a fait jusqu’ici. Nous allons mener la lutte jusqu’au bout. Ce n’est pas une promesse. C’est une garantie ! » déclare-t-il.
« À l’évidence, on fait face à un employeur qui fait montre d’un acharnement hors du commun contre ses propres travailleurs, déclare pour sa part Jean Lacharité, vice-président de la CSN. Si Olymel avait mis toute cette énergie à tenter de régler les injustices qu’il a lui-même créées, on n’en serait pas rendu là, sept ans plus tard. En plus d’avoir été congédiés illégalement, des dizaines d’ex-travailleurs ont perdu leur maison et leurs avoirs, plusieurs ont connu des divorces, d’autres ont développé un burnout ou une maladie, sans compter dix-sept d’entre eux qui sont décédés sans jamais avoir vu l’ombre d’une compensation. Olymel a une responsabilité et il doit payer. À la CSN, nous allons continuer d’appuyer les ex-travailleurs d’Olymel à tous les plans, jusqu’à ce qu’ils obtiennent justice ! »
Les faits
En 2006, Olymel a tenté de fermer son usine, en dépit d’une lettre d’entente prévue à la convention collective lui interdisant de mettre fin à ses activités jusqu’à l’échéance du contrat de travail à l’automne 2007. Saisi d’un grief en juin 2006, un premier arbitre, Jean-Pierre Tremblay, a émis une ordonnance de sauvegarde intimant Olymel de respecter la lettre d’entente jusqu’à ce qu’une décision soit rendue sur le fond. Le 30 août suivant, l’arbitre a accueilli le grief et obligé l’entreprise à maintenir son usine ouverte jusqu’à la fin de la convention, en septembre 2007. L’employeur a contesté la décision, mais s’est fait débouter par la Cour supérieure.
Malgré cela, Olymel a fermé son installation le 20 avril 2007, en transférant sa production à d’autres usines, soit trois jours avant que le jugement de la Cour n’ait été rendu. Le syndicat a réagi en déposant une série de griefs, qui ont donné lieu à la décision de l’arbitre Claude H. Foisy rendue le 20 août de cette année. Depuis, l’usine rénovée à coups de plusieurs millions de dollars est toujours inactive, Olymel ayant décrété un lock-out le 17 octobre 2007.
Devant les violations flagrantes d’Olymel, l’arbitre Foisy lui a ordonné de verser les salaires et les avantages perdus des 406 travailleurs de Saint-Simon pour la période du 20 avril au 16 octobre 2007, soit un peu au-delà de l’échéance de la convention. Fait à noter : en 2009, trois membres du Conseil arbitral, une instance d’appel alors existante à l’assurance-emploi, ont rendu une décision unanime contre Olymel, en statuant que : « Le lock-out était une mise en scène pour affaiblir les travailleurs dans leur volonté de poursuivre les démarches devant les tribunaux. »