Suivant une telle logique, « faire sa part » constitue un argument-choc au-dessus de toute autre considération. Dans cette perspective, même si « faire sa part » représente une menace potentielle qui mettrait en péril de nombreuses prises d’eau potable, la vie aquatique de nombreuses rivières, les terres agricoles sur le tracé d’un certain pipeline, le fleuve et son estuaire dont l’écosystème est vulnérable, le saccage d’un patrimoine naturel incontestable que représente l’île d’Anticosti (la fracturation hydraulique), l’augmentation des gaz à effet de serre (exploitation des sables bitumineux, par exemple), la santé des gens, peut importe pourvu que le Québec fasse sa part.
Conditionné par une telle vision ne permet pas de regarder loin par en avant. Il s’agit d’une perspective à court terme qui ignore plusieurs défis actuels que nous avons à relever collectivement : réchauffement climatique, destruction accélérée des écosystèmes nécessaires au maintien de la vie, extinction massive de nombreuses espèces animales et végétales, augmentation du niveau des mers, fonte des glaciers, etc.
Si faire sa part signifie foncer tête baissée comme si de rien n’était et ainsi contribuer à la mise en péril du mieux-être de l’humanité, à la destruction des écosystèmes et de la vie alors, ne compter pas sur moi monsieur le premier ministre. Dans cette optique, je ne ferai pas ma part et j’encouragerai mes concitoyens et concitoyennes à ne pas participer à cette entreprise de destruction massive, mais plutôt à y résister en proposant des alternatives constructives, viables et vivifiantes à cette folie.
Nelson Tardif
Montréal