En février 2010, la Banque nationale publiait un Hebdo économique sur l’endettement des ménages, alors que Statistique Canada venait d’annoncer que le ratio d’endettement frôlait le 150%. Conclusion de l’avis ? Il faut faire attention, mais « Pour l’heure, la situation financière présente des ménages canadiens apparaît saine, quel que soit l’angle sous lequel nous abordons la question. »
En avril 2011, (quelques semaines après que l’IRIS ait publié une note sur la question) le ministère des Finances dans son Plan Budgétaire nous disait (page B.41) que la situation québécoise était moins pire que la canadienne (ce qui n’est pas faux), et qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter.
En juin 2012, BMO publiait des résultats de sondage sur l’endettement des ménages canadiens disant qu’ils comptent rembourser leurs dettes d’ici 2017.
L’institution financière voit là des signes encourageants qui annoncent « [Qu’]après la longue montée de la dernière décennie, il est encourageant de constater que de nombreux Canadiens ont l’intention de contenir leur dette ». Dans ce communiqué, BMO présente toujours l’endettement immobilier comme non problématique, parce qu’adossé à un actif. Et si le problème était justement que les actifs immobiliers étaient surévalués ? Et si, avec les nouveaux produits bancaires comme les marges de crédit hypothécaire les gens s’étaient endettés plus lourdement que la valeur de leur maison ?
Et soudain, vlam, Statistique Canada nous dit que nous étions plus endettés que prévu. Et re-vlan, voilà que Moody’s songe à décoter les principales banques canadiennes (dont BMO et la Banque Nationale) à cause de quoi ? De l’endettement des ménages. Surprise.
Bien sûr, comme à l’IRIS on s’époumone à dire que les ménages sont surendettés et que le marché de l’immobilier est dans une bulle, on ne veut pas se réjouir de la situation périlleuse que tout cela amènera probablement, mais on espère que certains auront enfin compris le message.
Mais comme c’est souvent le cas lorsqu’il est question de l’endettement des ménages, tout porte à croire que des efforts continueront d’être mis sur l’éducation financière, sans toutefois qu’on ne cherche à s’attaquer aux tendances qui poussent les ménages à s’endetter (la stagnation des revenus) ou qu’on ne critique ceux qui profitent de cette situation (les banques).
Le projet-pilote de cours en éducation économique qui sera implanté dans les écoles secondaires dès l’an prochain et auquel collabore entre autres Jacques Ménard, président de BMO Groupe Financier, conforte malheureusement cette idée.