Un mode de scrutin dépassé
Pour Andrés Fontecilla, président et co-porte-parole, la victoire des troupes de Justin Trudeau est une démonstration on ne peut plus claire de l’impasse démocratique que constitue le mode de scrutin uninominal à un tour. « Le mode de scrutin actuel favorise le bipartisme et les vieux partis comme le Parti conservateur et le Parti libéral, en contraignant de très nombreux électeurs et électrices à s’orienter vers un vote stratégique. Pire, ce système électoral avantage le parti majoritaire en lui allouant davantage de sièges que son pourcentage d’appuis réels. Cela dénature notre démocratie. Seulement au Québec, si l’on avait un système proportionnel, le Parti libéral aurait récolté 28 sièges au lieu de 40 ; le NPD en aurait eu 20 et non 16 ; le Bloc aurait ramassé 15 sièges au lieu de 10 et le Parti conservateur aurait eu 13 sièges au lieu de 12. Une majorité de Québécois sont pour une révision du mode de scrutin. Au vu des résultats de cette élection, M. Trudeau doit être conséquent avec son engagement de le revoir dans son présent mandat ».
Des engagements qui doivent être tenus
En recentrant son discours, M. Mulcair n’aura pas réussi à imposer l’idée que le NPD est le parti du changement et c’est le Parti libéral qui en a profité en prenant plusieurs engagements anti-austérité, notamment en acceptant de faire des déficits pour investir massivement dans les infrastructures et d’ajouter une nouvelle tranche d’imposition de 33 % pour les revenus supérieurs à 200 000 $. « Les Québécois.es ont certaines attentes. Les libéraux se sont fait élire avec un programme aux prétentions progressistes qui se distingue de celui des libéraux du Québec. S’il s’avère que leurs promesses n’ont été qu’un simple exercice de marketing politique, ils alimenteront le cynisme envers la classe politique. Ils doivent se détacher d’une histoire entachée par des scandales, surtout après la démission de Dan Gagnier qui refilait en pleine campagne des conseils au lobby de TransCanada », enchaîne Mme David.
La remontée du Bloc Québécois
Pour M. Fontecilla, malgré que le Bloc Québécois ait connu une relative remontée, l’électorat québécois semble encore une fois hésiter sur le rôle de ce parti à Ottawa. « Cette question devra être abordée par les souverainistes dans les prochaines années. Je déplore par ailleurs que le Bloc ait utilisé un débat identitaire, jusqu’à la fin de sa campagne, lui qui nous avait habitués pourtant à des positions inclusives sur le vivre ensemble québécois. Les solidaires souhaitent faire du Québec un pays, mais ils et elles souhaitent le faire en unissant les Québécois.es autour d’un projet rassembleur et ouvert », continue le porte-parole.
Enfin, pour Mme David et M. Fontecilla, le nouveau gouvernement sera surveillé de près. « Nous ne voulons pas d’un autre gouvernement qui favorise le 1 % et s’attaque à la majorité des Québécois.es. Nous aurons de grandes attentes face aux revendications du Québec, entre autres, sur les questions environnementales. Nous serons très vigilants sur la question de l’oléoduc Énergie Est puisque le danger que ce gouvernement soit pris en otage par les lobbyistes, surtout ceux du pétrole, est très présent. L’engagement citoyen continuera d’être essentiel », martèle Mme David.