Édition du 17 décembre 2024

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Logement

Écoquartiers à Québec - Pas de quartiers verts sans inclusion sociale !

QUÉBEC, le 28 sept. 2012 - C’est avec consternation que les groupes membres du FRAPRU à Québec ont pris connaissance des premières informations quant à la présence de logements sociaux dans les futurs écoquartiers de la Pointe-D’Estimauville et de la Pointe-aux-Lièvres. Selon l’information révélée récemment par le Quotidien Le Devoir, la Société Leboeuf Inc, qui a remporté les appels d’offre pour les deux projets, a décidé que 140 unités sociales seraient construites dans les deux quartiers, presque exclusivement pour les personnes âgées.

« 140 logements sociaux, sur près de 2700 ça fait à peine plus de 5% » réagit Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU à Québec. « On se dirige vers une situation comparable à celle du seul autre « écoquartier » qui s’est développé à Québec, la Cité verte, où ne seront construits que 40 logements sociaux (et aucun autre logement locatif), soit à peine 5 % du total des unités sur ce site. La particularité des écoquartiers, par rapport à d’autres projets résidentiels, c’est que la ville souhaite qu’ils soient exemplaires sur le plan du « développement durable ». Or, le volet social, une des trois dimensions à la base du développement durable, semble être le parent pauvre des projets annoncés, selon le FRAPRU. « Ces écoquartiers, présentés comme des lieux où l’on pourra penser et tester la ville durable à venir, ne doivent pas être que des ghettos verts pour les plus fortunés. Ils sont l’extension de quartiers existants, Saint-Roch, Saint-Sauveur et Limoilou et doivent répondre aux besoins des gens qui y habitent déjà » soutient Madame Laflamme. Le regroupement pour le droit au logement rappelle que, dans tous ces secteurs, les besoins en logement sociaux sont criants. En 2006, 37,4 % des ménages de l’arrondissement La Cité-Limoilou consacraient plus de 30 % de leur revenu pour se loger. À Beauport, c’est le cas de 30 % des ménages locataires, mais de 35,5 % dans le quartier Giffard, et de 37,9 % dans Montmorency, deux quartiers situés tout près du futur écoquartier de Pointe-D’Estimauville.

Pour s’assurer que des logements répondant aux besoins des locataires à faible et moyen revenus soient développés dans les deux écoquartiers, plusieurs groupes de citoyens réclament déjà que la Ville se dote d’une véritable politique d’inclusion de logements sociaux, sous ses différentes formes comme les coopératives d’habitation et des OSBL et qu’elle récupère des bouts de terrains en conséquence. C’est notamment le cas du Conseil de quartier Saint-Roch, qui a pris position en ce sens dès 2010. Les groupes membres du FRAPRU demandent que l’on réserve 30 % de l’espace disponible à la Pointe-aux-Lièvres et à la Pointe-D’Estimauville pour la construction de logements sociaux. Ces groupes ont d’ailleurs fait connaître leur position à la responsable de l’Habitation à la Ville de Québec il y a 5 mois. « Comme la Ville jouera un rôle majeur dans le développement de ces projets en y investissant des sommes considérables pour en assurer leur viabilité, il est tout à fait normal qu’elle s’assure que les écoquartiers comprendront des logements sociaux en nombre suffisant » rappelle Typhaine Leclerc, du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur. « Ces décisions doivent être prises rapidement, avant que le prix de ces terrains grimpent sous la pression du développement » ajoute-t-elle.

Plus globalement, alors que la Ville de Québec trace les grandes lignes de son développement pour les 15 à 20 prochaines années et que des Programmes particuliers d’urbanisme (PPU) sont en cours d’élaboration, le FRAPRU s’inquiète de l’avenir des populations vulnérables qui vont être soumises à de nombreuses pressions dans leur milieu de vie si la Ville n’adopte pas des politiques claires, comme une politique d’inclusion et une réserve de terrain en faveur du logement visant à favoriser le développement du logement social. « Ces grands développements auront un impact négatif pour les locataires des quartiers environnants : hausses de taxes et de loyers ; pressions sur le marché locatif pouvant mener à la conversion de logements en condos ; etc. Il faut donc prendre des moyens pour contrer ces effets pervers » explique Véronique Laflamme.

Les locataires de la Capitale subissent depuis 10 ans les effets de la crise du logement qui affecte la région. La proportion de mises en chantier entre les condos et les logements locatifs s’est carrément inversée, diminuant dramatiquement l’offre de logements locatifs. Pendant ce temps, le parc actuel de logements abordables s’effrite, affecté par la transformation en copropriétés, notamment dans le quartier Limoilou connexe au site de la Pointe-aux-Lièvres. Dans un contexte de spéculation, de hausse constante des taxes foncières et de rareté de terrains, l’enjeu du développement du logement social est de taille « Il faut que les ménages à faible et modeste revenu des quartiers touchés par les grands développement y trouvent leur compte », conclut la porte-parole.

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