« Si la version de la direction de l’établissement s’avère, plus que de la précipitation, ce serait de la frénésie, s’exclame Sylvie Richer, porte-parole syndicale des technologistes médicaux du Haut-Richelieu-Rouville. On nage en pleine confusion avec cette réforme tellement les contradictions sont multiples. Jusqu’à tout récemment, on nous parlait du transfert de quelque 70 % des analyses réalisées à l’Hôpital du Haut-Richelieu, mais finalement c’est la quasi-totalité de ces analyses qui serait transférée à l’Hôpital Charles-LeMoyne. »
Parce que les systèmes informatiques des deux laboratoires ne sont pas compatibles, parce que des modalités de transport sécuritaires et rapides pour les spécimens doivent être précisées et parce qu’il faut prévoir le déplacement du personnel spécialisé, la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre a réclamé la mise en place de comités chargés d’analyser la faisabilité en termes techniques, cliniques, financiers, de sécurité, de transport et de ressources humaines. Alors que ces comités ne sont pas encore formés, le représentant du MSSS prétend de son côté que ces travaux sont en cours. Il avance aussi que seulement 30 km séparent Saint-Jean-sur-Richelieu de Greenfield Park mais c’est sans compter que des prélèvements proviennent de beaucoup plus loin et que les probabilités de congestion routière sont fortes en Montérégie.
Mis au fait de ces incohérences, le personnel de laboratoire appréhende la suite des opérations, à l’instar du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l’établissement qui s’est prononcé unanimement contre cette façon de faire jugée inadéquate. « Un projet aussi mal mené ne peut qu’accroître les risques de pertes d’échantillons et de dégradation des spécimens. On semble oublier que ces analyses servent à établir des diagnostics qui font toute la différence pour des patients », déplore Sylvie Richer.
L’autre dimension dont la complexité ne semble pas prise en compte est celle de la gestion de la main-d’œuvre déplacée par cette centralisation. Compte tenu de l’importance de la liste des analyses qui sont transférées, liste d’ailleurs contestée par les médecins, très peu de postes demeureraient attachés à l’Hôpital du Haut-Richelieu. « Les technologistes sont extrêmement inquiets parce qu’ils n’ont pas été formés sur les appareils, différents, de l’autre laboratoire, souligne la porte-parole syndicale. De plus, ils risquent fort de devoir travailler sur des quarts de soir et de nuit puisque l’espace restreint des laboratoires de l’Hôpital Charles-LeMoyne ne permet pas de les accueillir de jour. Après des décennies d’ancienneté, c’est très cruel de leur imposer ce recul de leurs conditions de travail. »
Puisque la direction même du CISSS désapprouve la rapidité de l’opération et l’ampleur des transferts, l’APTS réclame de ralentir la cadence, d’attendre les résultats des études de faisabilité et de considérer les mises en garde du personnel de laboratoire, soucieux d’offrir des analyses de qualité dans des délais raisonnables.