Édition du 17 décembre 2024

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Santé

Des mesures concrètes pour offrir un accès équitable aux services psychologiques sur la Côte-Nord (APTS)

BAIE-COMEAU, QC, le 16 juill. 2015 - L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) représentant les salariés qui travaillent dans les différents sites du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord réclame des mesures concrètes et durables pour assurer l’accès de tous aux services psychologiques dans le réseau public.

Devant le taux alarmant de suicides observé dans la région, la direction du nouveau CISSS a fait connaître son plan d’action en juin 2015. « Nous saluons les mesures de détection de cas potentiels de suicide qui sont mises en place. Sauf qu’une fois détectés, comment s’assurer que ces cas seront pris en charge rapidement, considérant que de nombreux postes de psychologues sont abolis ou vacants… ? », s’interroge Sylvain Sirois, responsable politique de l’APTS pour la région. En raison du manque d’effectif, les listes d’attente pour consulter un psychologue sont très longues sur la Côte-Nord, que ce soit en psychiatrie adulte, en neuropsychologie ou en psychologie pour enfants et adolescents. « Bien sûr, la direction dira qu’il faut prioriser la personne suicidaire, ajoute Carol Chabot, psychologue en poste aux Escoumins, mais après une intervention de crise, il faut aussi assurer un suivi alors que d’autres personnes attendent une consultation depuis des mois, un choix déchirant pour un professionnel. Sans parler de l’impact des délais sur le développement des enfants qui attendent d’être évalués depuis plus d’un an… »

Psychologie à deux vitesses

L’option qui reste aux personnes dépressives est la prise de médicaments, un traitement efficace certes mais qui a un effet moins durable que la psychothérapie, selon un récent rapport de l’Institut national d’excellence en santé et service sociaux (INESSS).

« Selon la direction du CISSS, rappelle Sylvain Sirois, la situation économique difficile contribue à l’augmentation de cas suicidaires que l’on a connue en 2015. Dans un tel contexte, on ne peut pas s’attendre à ce que les gens aient les moyens d’aller dans les grands centres pour consulter en pratique privée. Les Nord-Côtiers vivent donc une situation d’iniquité en matière d’accès à la psychothérapie. »

La réorganisation en cours au sein du CISSS doit refléter la gravité de la situation. Pour que la population de la Côte-Nord ait un accès plus équitable aux services psychologiques dans le réseau public, il faut non seulement éviter d’abolir des postes comme ce fut le cas en Minganie l’été dernier, mais plutôt prendre des mesures pour combler les postes vacants.

Difficultés croissantes de recrutement

« La menace de retirer la prime de rétention de 8 % à Sept-Îles et Port-Cartier, octroyée depuis 40 ans pour compenser les salaires élevés offerts dans le secteur privé, de même que l’abolition de la prime allouée depuis 2012 pour contrer la pénurie de psychologues sont des mesures contre-productives qui font obstacle aux efforts pour solutionner ce problème », estime Sylvain Sirois. Les psychologues de Sept-Îles et Port-Cartier pourraient voir leur rémunération chuter de près de 20 %. Rien pour favoriser le recrutement de ces professionnels de qui on exige une scolarité de doctorat.

« Dans ces conditions qui traduisent un manque de reconnaissance de la valeur de notre expertise, la tentation de quitter la région pour s’installer ailleurs en pratique privée est grande », n’hésite pas à dire le psychologue Carol Chabot.

De fait, malgré ses efforts, la direction n’a pu trouver de titulaire pour un poste de psychologue affiché depuis bientôt trois ans. D’ailleurs, un rapport commandé par l’ex-Agence régionale de santé et de services sociaux, rendu public l’an dernier, disait du titre d’emploi de psychologue qu’il était « en grande difficulté dans la région ». « Les compressions et le caractère méprisant des offres patronales dans le cadre des négociations en vue du renouvellement des conventions collectives dans le secteur public ont pour effet de démoraliser l’effectif en place et rend plus difficile encore le recrutement et la fidélisation des psychologues », conclut le représentant de l’APTS.

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