Car quoiqu’en dise les porte-parole du MCC, la coupure de 12,5 % des subventions imposées aux associations d’artistes - ainsi qu’aux regroupements nationaux et aux organismes de services - n’est pas « qu’un exercice d’optimisation des structures » qui n’affectera pas les artistes. Cet exercice d’optimisation a déjà été fait et refait depuis longtemps par l’ensemble des cinq associations concernées qui ont dû se réorganiser régulièrement pour pallier la stagnation des subventions reçues. Demeurées les mêmes depuis 2004 dans la plupart des cas, leur pouvoir d’achat a décru au fil des ans de 21 % compte tenu de l’inflation. Ainsi, une subvention de 32 625 $ reçue pour la première fois en 2004 ne vaut plus en dollars actuels que 25 774 $. Réduite de 12, 5%, cette subvention n’équivaut maintenant qu’à 20 361 $
Cette cure minceur, il faut le rappeler, est imposée à des organismes dont le mandat est l’étude, la défense et le développement des intérêts économiques, sociaux, moraux et professionnels des artistes qu’ils représentent, membres ou non de leur association. La plupart disposent de deux à quatre employés équivalents temps complet, majoritairement des femmes, surqualifiés compte tenu des salaires payés. Les services offerts à leurs membres seront donc nécessairement affectés par cette coupure imprévue, le CALQ ne tolérant pas à juste titre de déficits cumulés importants.
Non-remplacement d’une employée partie en congé de maternité, fusion de postes, alourdissement de la tâche des employé-e-s demeuré-e-s en fonction, report ou abandon de projets destinés à offrir de meilleurs services aux membres tels la mise à niveau des services informatiques, ralentissement du processus de négociation des ententes collectives en vigueur, impossibilité d’étendre l’application des lois sur le statut de l’artiste à de nouveaux groupes d’artistes, etc. seront inévitablement au menu au cours des prochains mois… Et des prochaines années, puisque le CALQ a annoncé en date du 7 juillet que les subventions amputées de 12,5 % en 2015-2016 seront reconduites au même niveau en 2016-2017.
La ministre de la Culture et des Communications, madame Hélène David, a l’intention d’inviter les milieux culturels à participer à la mise à jour de la politique culturelle du gouvernement du Québec dans les prochains mois. Le traitement que son ministère et plus largement le gouvernement Couillard leur réservent depuis quelques mois témoigne d’un manque de vision inquiétant, porteur de régression plutôt que de progression de l’effort du gouvernement québécois en matière de développement culturel.
Cela n’est pas sans nous inquiéter. Nous croyons que l’ensemble des milieux culturels doit se coaliser et se mobiliser dès l’automne prochain, et faire savoir à ce gouvernement qu’ils n’acceptent pas la fragilisation des acquis passés. Cela, comme ils l’ont fait il y a plusieurs années, quand le gouvernement Harper a entrepris de diminuer l’aide de l’État canadien aux artistes et aux organismes culturels.
Un appel à tous en ce sens sera envoyé dans les prochains jours. Nous croyons qu’il sera entendu.
Associations subventionnées
Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD), Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ), Regroupements des artistes en arts visuels (RAAV), Société professionnelle des auteurs-compositeurs du Québec (SPACQ) et Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)