De plus la Commission juge que cette industrie, si elle était autorisée à poursuivre ses activités d’exploration et éventuellement d’exploitation, agirait potentiellement contre les intérêts économiques des Québécois et retarderait, sinon rendrait inatteignables, les objectifs que le Québec s’est donnés en matière de lutte aux changements climatiques. Sans oublier que cette éventuelle production de gaz de schiste constituerait une source nouvelle et importante de pollution de l’air, de l’eau et des sols. Plus grave encore, cela se ferait contre la volonté clairement exprimée en cours d’audiences comme en dehors par une majorité de citoyens et de corps publics.
Rappelons que de nombreuses organisations sont en faveur d’un moratoire, aux dernières nouvelles et pour ne nommer qu’elles : la CSN, CSQ, FTQ, la Ligue des droits et libertés, le Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises, le Réseau des ingénieurs du Québec, Eau secours !, Nature Québec, la municipalité de Saint-Marc-sur-Richelieu, les municipalités régionales de comté (MRC) de la Vallée-du-Richelieu, de Pierre-de-Saurel, de Bécancour, du Haut-Richelieu, du Haut-Saint-Laurent, de Saint-Jude, des Maskoutains, les élus de Saint-Mathias, Greenpeace Québec, l’Union Paysanne, l’Union des consommateurs, Mobilisation Gaz de Schiste, les Amis du Richelieu, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), les Conseils régionaux de l’environnement de la Montérégie, du Centre du Québec et de Chaudière Appalaches, Équiterre, Québec Solidaire, le Parti Québécois… Entre autres, demandent un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste.
« Nous avons senti le besoin d’entreprendre cet exigeant exercice d’analyse critique », explique Denis L’Homme, « parce que le mandat donné au BAPE partait de deux prémisses rendant l’exploitation des gaz de schiste automatiquement accordée : a) le gaz de schiste SERA exploité, et b) le faire dans une optique de développement durable est d’emblée possible. Son mandat était donc non neutre et éludait de plus la question de la pertinence de cette filière énergétique dans le contexte énergétique québécois. »
Pour réaliser ce rapport, « il nous a donc fallu lire les 200 mémoires des intervenants de même que la documentation de plus en plus abondante sur les impacts de cette industrie sur la santé, la pollution de l’air et de l’eau et la qualité de vie, entre autres, pour produire ce rapport dont nous ne sommes pas peu fiers. Les auteurs, qui ne prétendent pas à la neutralité, ont fait preuve d’une très grande rigueur et ont questionné les deux prémisses du mandat du BAPE afin de faire une analyse réellement globale de cette filière malgré des moyens modestes », poursuit Denis L’Homme.
La Commission parallèle ne croit pas approprié dans l’état actuel des connaissances de proposer un cadre de développement de l’exploration et de l’exploitation des gaz de schiste, le bien-fondé de l’existence de l’industrie devant être d’abord établi. Elle propose cependant une refonte complète du cadre légal et réglementaire et propose des orientations pour ce faire.
Au final, la Commission parallèle enjoint donc le gouvernement de décréter un moratoire immédiat sur toutes les activités de cette industrie et d’entreprendre une évaluation globale des tenants et aboutissants de cette filière énergétique en y appliquant tous les principes de sa Loi sur le développement durable.