Jack Layton était un combattant qui a réussi à diriger son parti malgré les pressions qui ont souvent eu des conséquences politiques néfastes. Il inspirait la confiance et on ne pouvait faire autrement que de voir en lui un homme intègre et un bon vivant. C’est ce que j’ai vécu en le côtoyant lors des élections de juin 2004, au moment où je me suis présenté comme candidat NPD dans Papineau. Jack avait été celui qui avait pris position contre la loi sur la clarté référendaire. Lors des élections de 2004 il avait déclaré que son parti annulerait la loi adoptée aux Communes en juin 2000, mais selon The Globe and Mail, cette position ne faisait pas l’affaire de tous.
En effet, au moment de la course à la direction du NPD en 2003 il l’avait emporté contre l’un des ténors du parti, Bill Blaikie qui avait fait de l’appui à la loi sur la clarté son cheval de bataille. Jack faisait donc du Québec une priorité et affichait une présence comme aucun leader du NPD ne l’avait fait auparavant.
Les élections n’ont cependant pas donné le résultat escompté. Aucun candidat élu au Québec et une baisse de la députation dans l’ouest canadien. Il n’en fallait pas plus pour redonner des munitions à Blaikie et aux opposants à la souveraineté du Québec, pour ne pas dire plus. Aux élections de 2006, le parti avait changé de position. Plusieurs lui en ont voulu d’avoir cédé aux pressions, dont moi-même.
La direction d’un parti progressiste pan-canadien, social-démocrate dans le cas qui nous occupe, n’est pas une mince affaire. Cela nécessite un niveau de politisation et de démocratie qui permet de saisir l’importance d’enjeux comme celui du droit à l’autodétermination du Québec. C’est une question incontournable si on veut sortir du carcan conservateur/libéral. C’est ce réflexe qui a certainement inspiré les québécois et québécoises lors des élections du 2 mai dernier. Tenter une autre option afin de contrer réellement Harper.
Dans ce sens Jack Layton aura presque réussi son pari. Il aura conduit le NPD jusqu’à devenir l’opposition officielle, faisant déferler une vague orange sur le Québec. Paradoxalement, la question du Québec n’est pas pour autant réglée, et la performance du NPD dans le reste du Canada demeure un défi. Cela place le NPD dans une position de fragilité. Jack avait réussi à naviguer dans ces eaux troubles, le NPD ne pourra cette-fois-ci faire l’économie du débat.
Salut Jack