Édition du 18 juin 2024

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Syndicalisme

Début du processus de négociation dans le financement du système de la santé

De la « Révolution tranquille » à la « Capitulation tranquille » (ou quand « Être est le néant »)

Il y a eu, le jeudi10 décembre, la tenue d’une rencontre fédérale-provinciale au sujet du financement du système de santé. Les demandes des provinces face au gouvernement fédéral s’élèvent à 28 milliards de dollars.

Précisons qu’il s’agit ici du début d’un processus de négociation qui sera nécessairement assujetti au calendrier politique de la formation politique dont Justin Trudeau est le chef. La capacité fiscale est tellement inégalement répartie au pays, qu’il semble clair, pour les analystes politiques, que le gouvernement fédéral devra tôt ou tard revoir à la hausse son financement des dépenses en santé. Toute la question consiste en ceci : à quelle hauteur se situera ce financement ? Il est en ce moment à 22% et les provinces rêvent de le voir hausser à 35%. Un grand bond en hauteur ! Dans l’éventualité où Ottawa augmente sa participation au financement du système de santé, qu’exigera-t-il en retour ? Rien ? Une reddition de compte ? L’imposition de normes nationales ?

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/591587/un-noui-inquietant. Consulté le 13 décembre 2020.

Une chose est certaine, devant une telle possibilité « réelle ou appréhendée » de menace d’intrusion en provenance du gouvernement central, la réaction du gouvernement du Québec a déjà été plus virulente. Décidément, nous ne sommes plus à l’époque où Duplessis et où les ex-ténors des différents gouvernements du Québec (de Lesage à Lévesque) dénonçaient à hauts cris les tentatives d’ingérences du gouvernement central dans un champ de compétence exclusif de la province. François Legault affiche une opposition somme toute très polie et peu combative face à son homologue fédéral. Il est tout au plus « exaspéré ». C’est tout simplement décourageant. Dire que Bourassa donnait l’impression d’être plus combatif et plus résistant que Legault face aux velléités centralisatrices d’Ottawa. Les temps changent. La Révolution tranquille est loin derrière nous, sommes-nous devant une période qui sera qualifiée, par les historiennes et les historiens, de « Capitulation tranquille » ?

Pour le moment, celui qui a l’initiative sur cet enjeu est incontestablement Justin Trudeau. Étonnant ? Pas vraiment. Nous sommes dans une période qui se caractérise par une pandémie et où tout est au vaccin et à sa distribution. Deux champs où le gouvernement fédéral accumule des points dans les sondages et où François Legault en perd. Difficile en prime, pour le premier ministre du Québec, de développer une stratégie gagnante quand il sait que certains de ses homologues provinciaux sont prêts, en échange d’un financement accru en provenance du fédéral, à concéder sur certains principes qui répondent positivement aux demandes du gouvernement fédéral. Difficile aussi pour un premier ministre du Québec qui n’a aucun projet d’avenir digne de ce nom pour sa province, dont la population correspond à un groupe minoritaire, d’exercer de réelles pressions sur le gouvernement fédéral.

Il m’arrive quand j’écris un texte de laisser ma pensée errer de manière furtive et vagabonde. Dans ces moments, parfois, des grands noms et des concepts associés à la pensée de ces grands auteurs ou autrices surgissent dans ma tête. Aujourd’hui j’ai pensé à plusieurs grands auteurs (Héraclite, Parménide, Aristote, Shakespeare, Heidegger et Sartre) et aux concepts suivants : être, non-être et néant.

Morale qui se dégage de ce début de la négociation avec le gouvernement fédéral : « L’être... est le néant ».

Yvan Perrier

13 décembre 2020

10h45

yvan_perrier@hotmail.com

Zone contenant les pièces jointes

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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