« La réforme Dubé qui passe aujourd’hui sous bâillon va à l’encontre des modèles internationaux efficaces et accentue en somme les lacunes observées dans la réforme Barrette. Ainsi, le ministre de la Santé croit pouvoir réussir là où tous ceux qui ont essayé avant lui en centralisant davantage et en ouvrant encore plus la porte au privé ont échoué », souligne Micheline Germain, présidente de l’AREQ (CSQ).
Malgré la bonne foi des organismes, des experts, des prestataires de services et de la société civile à vouloir travailler à l’amélioration du réseau, le ministre a décidé d’imposer le bâillon. Comment peut-on croire qu’imposer des changements à autant de personnes impliquées sur le terrain, sans les écouter, pourra bel et bien fonctionner ?
L’agence Santé Québec : Gérer la maladie et la vulnérabilité comme une « business »
Dans une analyse de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), il a été démontré l’échec de l’expérience de la Colombie-Britannique, qui a essayé d’emprunter la voie risquée du recours accru au privé en santé depuis quelques années, comme pour d’autres pays dans le monde qui ont échoué dans ce modèle.
« Il y a tellement de variables qui affectent un patient : les conditions socioéconomiques, la santé mentale, son milieu de vie, sa région, etc. Il est illusoire de croire qu’une agence provinciale qui intègre davantage le privé lucratif, de sa tour d’ivoire, puisse gérer efficacement un réseau de plus de 350 000 personnes aux services des patients sur le terrain, en considérant toutes les réalités locales et régionales », ajoute Mme Germain.
En effet, l’exemple de la Colombie-Britannique a démontré que les soins de santé privés ont engendré des coûts additionnels pour les patients et pour la province, sans pour autant aider à régler les problèmes d’accès. D’ailleurs, le gouvernement de la Colombie-Britannique semble avoir partiellement appris de ses erreurs et vouloir emprunter le chemin plus viable d’un renforcement des capacités publiques.
Enfin, l’AREQ déplore le choix de recourir au bâillon, à plus forte raison pour une réforme aussi importante, dans un domaine qui touche une pluralité d’intervenants, d’experts, de patients et de personnes en situation de vulnérabilité, et ce, sans écouter leurs besoins.
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