Tiré de Entre les lignes et les mots
Publié le 23 mars 2022
Dossier : C’est combien, les crises ? Les femmes font les comptes
« Même lorsqu’elles sont en couple, leurs dépenses servent au budget du ménage en entier, contrairement aux dépenses des hommes », le coût des choix politiques et économiques, la contribution du « care » à l’économie mondiale, la taxation de la richesse afin « d’investir dans la protection sociale, dans la lutte contre les violences de genre et dans le soutien à la transition énergétique ».
Les bouts de chandelles et les petites ficelles, les factures à payer et l’inflation, l’érosion du pouvoir d’achat, « Les matières économiques ont un impact direct sur le portefeuille des femmes, et sont au cœur des préoccupations de certaines féministes ». Christine Mahy et Aline Fares « dressent le portrait du rapport des femmes à l’argent ; elles constatent les conséquences directes de la finance internationale sur nos porte-monnaie et elles tentent de dégager des pistes de sortie. Pour ne plus manquer d’air ». Lorsqu’il n’y a pas assez d’argent dans les ménages « ce sont les femmes qui se débrouillent pour combler ce manque ». Les autrices abordent, entre autres, le tabou de l’argent, la culpabilisation de celles qui « ne s’en sortent pas », les patrimoines et ceux qui sont au pouvoir, les couches d’inégalité, les difficultés au quotidien, « Tant qu’on ne confronte pas le capital, qu’on ne l’arrête pas, il va continuer à avancer, parce que c’est un jeu qui fonctionne. Et tant qu’il gagne, il joue », les privatisations et les privations, « C’est priver le public d’une gestion collective avec une accessibilité généralisée, priver les ménages d’un accès gratuit ou très peu cher – parce que subventionné – à des produits de base comme l’énergie, les logements sociaux. Il y a donc une logique de « privation » derrière la privatisation », la justice sociale et la justice climatique, les communs…
« En Belgique, 70% des personnes en situation de pauvreté individuelle sont des femmes et cette situation ne s’est pas arrangée avec la crise sanitaire : les femmes ont deux fois plus de risque de tomber dans la pauvreté que les hommes ». Camille Wernaers discute de famille monoparentale (il serait plus juste d’écrire femmes avec enfant[s]), de pauvreté individuelle, de dépendance et de violences économiques, des mal logées, des femmes sans-abri, des stratégies d’évitement, d’autonomie financière…
Un article est consacré à l’argent de poche des adolescentes, des différences de ressources et des conséquences entre ados, le choix des dépenses, l’argent et l’indépendance, « Outre le sentiment d’autonomie, l’argent leur confère la liberté de disposer davantage de l’espace public », l’apprentissage de la gestion de ses ressources…
Parmi les autres textes publiés, je signale notamment :
Le sans-abrisme féminin caché, la sous-estimation du nombre de femmes sans abri, les stratégies d’évitement, les liens entre « précarité, perte de logement, prostitution », les femmes migrantes, les lieux d’accueil pas adaptés, « Quand on a été victime de violence, on ne se retrouve pas dans des centres saturés mixtes et dans lesquels il peut aussi se produire des violences », l’importance de la non-mixité…
Afghanistan, des activistes enlevées.
La pandémie « une belle opportunité pour les plus riches », l’accélération de l’accaparement des richesses, la « propriété intellectuelle » sur les vaccins, les profits toujours moins taxés, les inégalités structurelles renforcées, la difficulté à se protéger contre le virus, les enjeux de vie et de mort, les millions d’heures consacrées chaque jour par les femmes aux tâches de soin aux autres, les impositions nécessaires pour des investissements pour satisfaire les besoins…
Des penseuses du porte-monnaie
Les lanceuses d’alerte menacées, la protection des données, les conditions légales pour récolter les données (la finalité, la proportionnalité et la légalité), la surveillance…
Plan d’action national contre les violences de genre, les limites institutionnelles, la nécessité de « reconnaître le féminicide, publier des statistiques, protéger les enfants exposé·es aux violences », la volonté politique et les ressources, la convention d’Istanbul et son non-respect…
Un entretien avec Rokhaya Diallo, la manière de présenter les corps, la valorisation/dévalorisation des femmes en fonction de leur apparence physique, les critères de valorisation du corps, les questions raciales, l’histoire non-interrogée du passé de l’Etat français, les légendes et les préjugés, les images factices de soi et des autres, les restrictions au droit d’association et de liberté confessionnelle, la « gauche » et les femmes…
Dalila Benameur, citoyenne reporter
Bottons les inégalités hors de nos lits !, la construction culturelle du plaisir, les facteurs socio-culturel de l’« écart orgasmique », le plaisir réduit au plaisir masculin et la culture du pénis, le clitoris, la masturbation, l’idée de préliminaire, « la charge mentale et le poids de l’image corporelle et des critères de beauté imposées par les médias » (en complément possible, Francine Sporenda : Le mythe de la libido féminine faible, le-mythe-de-la-libido-feminine-faible/ ; Axelle Hors-Série : Une sexualité à soi, injonction-a-la-jouissance-et-violences-de-la-sexualite-dans-les-rapports-de-domination/)…
Les blagues féministes, le pouvoir de l’humour, les transgressions, retourner le langage…
Le durcissement du droit à l’IVG en Pologne et ses conséquences pour les femmes
Les idées du « féminisme de la subsistance »
Le sanglier. Une nouvelle de Adeline Dieudonné, « Sur le coup j’ai pas compris que c’était un viol. Ça m’a pris plus de dix ans en réalité ». Le poids des mots, le poids d’un corps…
et toujours de riches rubriques : actualités révoltantes, culture et informations internationales
Un journal de nos amies belges à faire connaître.
Axelle 245, mars-avril, http://www.axellemag.be
Autres numéros : /revue/axelle/
Didier Epsztajn
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