De Paris, Omar HADDADOU
QUAND LA DEMOCRATIE ET LE REPECT, SE SIGNENT !
Nous y voilà ! Au cœur du rassemblement de l’apologie négationniste de l’autre. Dans le foyer brûlant de l’extrême Droite française, rebaptisée « Reconquête ». Ça sent la chevauchée napoléonienne, la question identitaire et la lubie de la supériorité raciale qui, tranchelard à la main, s’obstinent à gangréner l’instant présent des Français.
J’avance au milieu du flux de ces 50.000 sympathisants bobo chics, vomissant les pléonasmes éculés et plagiés du discours haineux, distribuant des tracts xénophobes, écoulant des magazines dont la couverture illustre (caricature) le renvoi massif d’immigrés sur un immense bateau, la fermeture des frontières et la prison pour les déviants. Une épuration version 2022.
L’événement dominical obéit à un filtrage systématique. Documents exigibles : Cartes d’adhérent (e), de Presse, Invitation etc.
La mobilisation se veut américaine, jusqu’au propos infamant. Les orateurs de la manif et leur leader s’y inspirent avec enivrement, quitte à gonfler la statistique : « Vous êtes 100.000 ! 100.000 Français qui ne reculent devant rien ! 100.000 Français qui sont fiers de leur pays, qui veulent écrire l’Histoire ! Vous voici ! » s’étrangle Eric Zemmour à deux semaines du 1er Tour de l’élection présidentielle, prévu pour le 10 avril. Les drapeaux tricolores s’agitent au rythme des ovations. Le candidat de la « Remigration » dont la propreté de son quartier est assurée par des ouvriers africains, quand ses synapses bâillent encore aux corneilles, ne déroge pas à la règle de surfer sur le fait divers pour attiser le ressentiment collectif : « J’ai choisi le Trocadéro pour venir laver les affronts de la Droite. Ce qui m’indigne, moi, c’est les drames quotidiens que vous subissez. C’est qu’on ne consolera jamais les enfants de…Ce qui me révolte depuis trop longtemps. C’est la résignation des politiciens, du gouvernement qui dit que c’est la fatalité. Il n’y a pas de fatalité » s’écrie-t-il.
Le polémiste jubile quand son réquisitoire verse dans la condamnation. Il cueille la ferveur des ovations comme un énergisant notionnel. Il est sous l’emprise du tourbillon du triomphe qui éperonne son pamphlet « ku klux klanien ». C’est le Führer vociférant, entouré de la Puissance médiatique et financière, jetant l’anathème sur l’Islam et les Immigrés. Rien ne l’effraie et ses diatribes font mouche. Quand il cloue au pilori le candidat sortant Emmanuel Macron en mettant en exergue ledit fait tragique, les esprits se déflagrent : « Macron assassin ! » lancent les sympathisants. Zemmour se gargarise un long moment du fiel déversé, sans piper mot pour rappeler ses troupes à la retenue. Moins enclin à croiser le fer, le Président candidat dénonce une « indignité » en conseillant avec une pointe d’humour à son rival de « profiter de la réforme 100% Santé permettant le remboursement des prothèses auditives ».
Notons que ce 4ème meeting a vu défiler sur la tribune l’ancien Secrétaire d’Etat à la Culture de France, Philippe de Villiers, rallié à Zemmour pour chasser les étrangers : « Vous êtes mon cadeau d’anniversaire. Nous assistons au Remplacement. Qui mieux qu’Éric Zemmour peut vous protéger ? » interroge le chef d’entreprise. Tombée dans l’escarcelle zemmourienne, Marion Maréchal Le Pen cultive savamment la fibre raciste et la préférence blanche : « Avec Éric, on relèvera la tête devant la racaille. Combien de temps, avant que la France devienne africaine ? ».
Enfiévrés les adeptes de la purification rugissent d’une seule voix : « Aux armes ! Reconquête ! On aime Zemmour ! ».
Que serait la France sans les étrangers, sinon une luciole sans lumière scintillante ?
O.H
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