Bonjour Montréal. Je suis très heureuse d’être ici au Canada, au Québec. Merci beaucoup. [En français]
Ainsi, au moins 500 000 personnes sont ici aujourd’hui. Vous devriez être très fiers. Parce que nous l’avons fait ensemble, et je ne peux vous remercier assez de votre présence.
Aux quatre coins du monde, des millions de personnes sont en train de marcher en ce moment même. C’est incroyable d’être unis de cette manière pour une cause commune. On se sent bien, n’est-ce pas ?
Je me sens bien d’être au Canada. C’est un peu comme revenir à la maison. Je veux dire, vous êtes très semblables à la Suède, d’où je viens.
Vous avez des orignaux et nous avons des orignaux. Vous avez des hivers froids, beaucoup de neige et des pins. Nous avons des hivers froids, beaucoup de neige et des pins. Vous avez le caribou, nous avons le renne. Vous jouez au hockey, nous jouons au hockey. Vous avez du sirop d’érable, et nous avons… oubliez celui-là.
Votre nation est prétendument un leader climatique. Et la Suède est aussi une nation qui est prétendument un leader climatique. Et, dans les deux cas, ça ne veut absolument rien dire.
Parce que, dans les deux cas, ce ne sont que des mots creux. Et nous sommes loin de voir les politiques nécessaires. Donc, nous sommes essentiellement pareils.
La semaine dernière, plus de 4 millions de personnes dans plus de 170 pays ont fait la grève pour le climat. Nous avons marché pour une planète saine et un avenir sans dangers, pour tous. Nous avons parlé de la science et demandé à ce que les personnes au pouvoir écoutent la science, et agissent en conséquence. Mais nos dirigeants politiques n’ont pas écouté.
Cette semaine, des dirigeants de la planète entière se sont rassemblés à New York pour le Sommet Action Climat de l’ONU. Ils nous ont déçus, à nouveau, avec leurs mots creux et leurs plans insuffisants. Nous leur avons dit de s’unir derrière la science, mais ils n’ont pas écouté.
Ainsi, aujourd’hui, nous sommes à nouveau des millions dans le monde à faire la grève et à marcher, et nous continuerons à le faire jusqu’à ce qu’ils écoutent.
Si les personnes au pouvoir ne prennent pas leurs responsabilités, alors nous le ferons. Ça ne devrait pas dépendre de nous, mais quelqu’un doit le faire. Ils disent que nous ne devrions pas nous inquiéter, que nous devrions espérer un avenir radieux. Mais ils oublient que, s’ils avaient fait leur travail, nous n’aurions pas besoin de nous inquiéter. S’ils avaient commencé à travailler à temps, la crise ne serait pas telle qu’elle est aujourd’hui. Et nous promettons qu’une fois qu’ils auront pris leur responsabilité et fait leur travail, nous allons arrêter de nous inquiéter et retourner à l’école, retourner au travail.
Or, nous ne défendons pas nos opinions ou nos préférences politiques. Les crises climatiques et écologiques transcendent la politique partisane. Nous ne nous référons qu’à la science la plus à jour.
Pour certaines personnes, particulièrement celles qui ont causé cette crise, cette science est trop dérangeante pour y faire face. Mais, pour nous qui aurons à vivre avec les conséquences, et évidemment pour ceux qui vivent déjà avec les crises climatiques et écologiques, nous n’avons pas le choix.
Pour rester sous 1,5 °C, et nous donner la chance d’éviter de déclencher des réactions en chaîne irréversibles échappant au contrôle humain, nous devons parler clairement et dire les choses telles qu’elles sont. Dire la vérité.
Dans le rapport SR1.5 du GIEC, publié l’année dernière, on peut lire en page 108, chapitre 2, que pour avoir une chance de 67 % de contenir le réchauffement global des températures sous 1,5 °C, le monde avait 420 gigatonnes de CO2 à émettre en date du 1er janvier 2018.
Aujourd’hui, ce nombre est déjà descendu sous 350 gigatonnes. Considérant les niveaux actuels d’émissions, le budget restant s’épuisera complètement en huit ans et demi.
Et veuillez noter que ces calculs n’incluent pas le réchauffement caché par la pollution toxique, les points de basculement nonlinéaires, la plupart des boucles de rétroaction, et tous les aspects d’équité et de justice climatique. Ils comptent aussi sur ma génération — votre génération — pour aspirer des centaines de milliards de tonnes de CO2 de l’air avec des technologies qui existent à peine.
Jamais, pas une seule fois, ai-je entendu un politicien, un journaliste ou un homme d’affaires mentionner ces nombres. Ils disent : « Laissons les enfants être des enfants. » Nous sommes d’accord. Laissez-nous être des enfants. Faites votre part, parlez de ces nombres, plutôt que de nous laisser cette responsabilité. Alors, nous pourrons retourner à nos vies d’enfants.
Nous ne sommes pas à l’école aujourd’hui, vous n’êtes pas au travail, parce que c’est une urgence, et nous ne resterons pas de simples témoins.
Certains pourraient dire que nous gaspillons du temps d’enseignement. Nous disons que nous changeons le monde. Ainsi, quand nous serons plus vieux, nous serons capables de regarder nos enfants dans les yeux et de leur dire qu’à l’époque, nous avons tout fait. Parce que c’est notre devoir moral, et nous n’abandonnerons jamais. Nous n’arrêterons jamais de nous battre pour la planète, pour un avenir sans dangers, pour notre avenir.
Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette crise n’empire pas, même si cela signifie manquer des cours ou ne pas aller au travail. Parce que c’est plus important.
Nous nous sommes fait dire de nombreuses fois qu’il n’y avait pas de raison de faire cela, que nous n’aurions pas d’impact de toute manière, que nous ne pouvions pas avoir d’impact et faire une différence. Mais je crois que nous avons prouvé que c’est faux.
Au fil de l’histoire, les changements sociaux les plus importants sont provenus des mouvements populaires, de la base. Les nombres sont encore en train d’être mis à jour, mais il semblerait que plus de 6,6 millions de personnes se sont jointes à la Week for Future ce vendredi et vendredi dernier.
C’est l’une des plus grandes manifestations de l’histoire. Les gens ont parlé, et nous allons continuer à parler jusqu’à ce que dirigeants nous écoutent et agissent. Nous sommes le changement, et le changement s’en vient.
Le changement arrive, que vous l’aimiez ou non. [En français]
Merci beaucoup.
Greta Thunberg
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