Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

La chronique de Donald Cuccioletta

Cris et chuchotements de la campagne présidentielle

Nous savons maintenant que Donald Trump sera le candidat pour le Parti républicain. De l’autre côté, avec l’appui de la grande majorité des 721 « super » délégués démocrates (tous nommés par la direction du parti), Hillary Clinton semble en avance, du moins pour la convention du parti qui aura lieu en juillet.

Dans le cas d’un éventuel duel Clinton-Trump, les sondages indiquent la tendance. Clinton dispose de la faveur des femmes, des Latinos et des Africains américains. Tandis que Trump va chercher l’appui des hommes blancs de 45 ans et plus. Au total, l’avantage de Clinton sur Trump serait 10 à 12 % des votes, ce qui lui donnerait presque 310 votes du collège électoral (ça en prend 270 votes pour être élu président).

En réalité, tous savent que Trump n’est pas réellement « présidentiel ». C’est un bouffon, mais il se retrouve à la tête d’une vague populiste d’extrême droite qui en veut férocement à Washington et Wall Street. Ted Cruz, Mario Rubio et les autres candidats républicains ont compris que la vague était trop forte et donc, ils se sont désistés. Mais pour l’establishment républicain, c’est un désastre. Personne ne sait trop quoi faire, mais voilà qu’entre en scène Paul Ryan.

Président de la Chambre des représentants, porte-parole du mouvement conservateur, Ryan prépare sa candidature pour la présidentielle de 2020. Il négocie avec Trump pour que celui-ci lui donne son appui, une fois passée l’élection présumée de Clinton. Il cherche le point de rencontre entre l’establishment conservateur et l’extrême-droite populiste qui se ferait autour de quelques enjeux importants : la nomination de nouveaux juges ultra-conservateurs à la Cour suprême, la destruction de l’Obamacare, la réduction des impôts pour les riches. Parallèlement, Ryan propose de mettre la pédale douce sur les attaques contre Wall Street. Il semble que cette réconciliation Trump-Ryan soit en bonne voie.

Du côté démocrate, même si Clinton est présentée par les médias comme la grande gagnante, les jeux ne sont pas terminés.

Après ses récentes victoires et en vue de ce qui pourrait se passer lors des primaires de Californie (7 juin), Bernard Sanders ne lâche pas. Il est encouragé par plusieurs sondages qui estiment que, dans le cas d’une confrontation Trump-Sanders, le combatif sénateur émerge lui-aussi avec une confortable avance de 10 à 20 %, autant que Clinton ! Les enquêtes électorales réputées de l’Université de Qunnipiac révèlent par ailleurs que Sanders est en avance dans plusieurs États comme la Floride, l’Ohio et la Pennsylvanie (qui sont des États connus pour donner le ton aux campagnes électorales). Il l’est devant Clinton, et dans le cas d’un combat contre Trump, il gagne aussi ! C’est un indicateur qui nuit passablement à Clinton dont les partisans (dont les grands médias) affirment que Sanders est « trop à gauche » et que s’il devenait le candidat, il donnerait la victoire à Trump.

Une des tactiques de Clinton et de l’establishment démocrate est de convaincre les délégués et les électeurs démocrates (y compris les « super » délégués) de se rallier à la candidate et de voter contre Sanders, sous prétexte de faire échec à l’ultra-droite. C’est la bonne vielle tactique : « votez pour le moins pire, et non pas pour la personne qui répond à vos attentes ». De cette manière, la fausse « alternance » de la démocratie américaine atrophiée assure la pérennité du pouvoir du 1 %.

Au-delà des chiffres, il ressort que Sanders lui aussi surfe sur une vague de fonds. Un peu comme Trump. Mais le fait intéressant est que cette poussée par en bas est progressiste et dépasse la vague de droite et d’ultra-droite derrière Trump. Peut-être qu’il ne faut pas désespérer de nos voisins du sud.

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