Tiré du blogue de l’auteur.
La décision de la Maison-Blanche consistant à annoncer le désengagement unilatéral des États-Unis de l’Accord de Paris est un véritable bras d’honneur envoyé aux populations qui supportent d’ores et déjà les conséquences des dérèglements climatiques. La condamner avec fermeté et annoncer vouloir « sauver l’Accord de Paris » est néanmoins loin d’être suffisant : il est urgent de donner bien plus d’ambition aux politiques climatiques existantes, d’opérer une transformation profonde des soubassements énergétiques d’un capitalisme insoutenable et d’oeuvrer pour que des sanctions internationales envers les États voyous voient le jour.
Alors que l’année 2016 a battu tous les records mondiaux de température moyenne, la fréquence, l’intensité et les dégâts occasionnés par les phénomènes climatiques extrêmes augmentent. Le Bangladesh, où des centaines de milliers de personnes ont tout perdu suite au passage du cyclone Mora, vient à nouveau de l’illustrer. C’est donc avec un considérable mépris pour les populations dont les conditions de vie sont déjà profondément affectées par le réchauffement climatique mondial, au Sud comme au Nord, que Donald Trump a annoncé vouloir cesser toute mise en œuvre de l’accord de Paris. Rappelons-le avec force : il n’y a pas d’emplois sur une planète morte, mais des millions d’emplois peuvent voir le jour pour pérenniser une « planète vivante ».
Cette décision unilatérale, et la teneur des réactions internationales qui la condamnent, illustrent néanmoins les faiblesses intrinsèques de l’accord de Paris. D’un côté, chacun sait que les engagement pris par les États conduisent à un réchauffement climatique de plus de 3°C. Sans qu’il n’y ait aujourd’hui de perspectives d’amélioration notable des engagements pris par les États : l’Union européenne et les États européens refusent, par exemple, de manière systématique depuis presque deux ans, de donner plus d’ambition à leurs engagements climat pour 2030
D’un autre côté, la décision de la Maison-Blanche place les États-Unis en pôle position pour être un jour condamnés d’écocide et de crime contre l’humanité. Malheureusement, l’Accord de Paris ne donne aucun pouvoir légal aux institutions internationales, aux États et aux citoyens pour poursuivre les décisions climaticides. Il est temps d’oeuvrer pour que des sanctions internationales soient rendues possibles en matière de climat et ne pas laisser à l’OMC, au FMI et aux traités commerciaux le privilège de disposer de puissants pouvoirs coercitifs. D’ici là, toutes les formes de sanctions internationales à notre disposition (boycott citoyen, rétorsions commerciales et diplomatiques) doivent pouvoir être mobilisés pour ne pas laisser les crimes d’écocide et les crimes climatiques impunis.
« Sur le climat il n’y a pas de plan B, car il n’y a pas de planète B »
En reprenant à son compte cette phrase qui est celle que les mouvements pour la justice climatique portaient déjà avec détermination à Copenhague en 2009, Emmanuel Macron fixe clairement les lignes rouges que son quinquennat ne devra pas franchir. On ne négocie pas avec le réchauffement climatique. Quand un projet n’est pas compatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la transition écologique, il doit être abandonné. Purement et simplement. C’est le cas de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, des projets d’autoroute (A45, GCO...) et plus largement des grands projets inutiles (EPR, LGV, Lyon Turin, EuropaCity, recherche d’hydrocarbures, etc).
Les accord de libre-échange (CETA, TAFTA et les autres) tout comme les politiques de compétitivité économiques insoutenables font également partie des lignes rouges que nous avions fixées en clôture de la COP 21. A l’inverse, instaurer enfin un taxe sur les transactions financières, donner plus d’ambition aux politiques climatiques européennes et mener à bien la transition énergétique dans un cade de justice sociale et de solidarité sont trois des sujets majeurs sur lesquels nous jugerons ce nouveau quinquennat. Et nous nous emploierons, avec nos alliés sur le terrain, à ce que les lignes rouges ne soient plus jamais franchies. Car il n’y a pas de planète B.
Maxime Combes, pour Attac France
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