Cette volonté populaire est immédiatement menacée par un projet de logistique de transbordement rail-camions à ciel ouvert, qui serait le plus importante en Amérique du Nord, avec tout son cortège de bruit et de poussière incommodant pour le voisinage immédiat dont un CHSLD. Après une trompeuse saga judiciaire et une fallacieuse suite de consultations citoyennes qui ont duré des années et qui n’ont abouti à rien, la plateforme de transbordement est maintenant en construction. Tout comme l’est le viaduc au-dessus de la rue Notre-Dame par le Port de Montréal lequel viaduc sera relié au prolongement de la bretelle Souligny de l’autoroute 25 (et de celui du boulevard L’Assomption) à travers la friche pour accélérer le trafic de marchandises du port et, par ricochet, rendre économiquement viable la plateforme de l’entreprise Ray-Mont
Une manifestation contre l’expansionnisme dû à l’ogre de la consommation de masse
Cependant, ce serait une erreur de réduire cette lutte à celle d’un quartier populaire ou d’un arrondissement montréalais. Le port de Montréal est la plaque tournante de la circulation des marchandises du dit Canada central. Son agrandissement est commandé par le rythme de la croissance économique et en particulier celle de la consommation de masse de marchandises de plus en plus importées d’outre-mer sans compter les exportations d’origine minière du nouvel extractivisme appelées à aussi croître. D’autant plus que le gouvernement fédéral, maître d’œuvre de son développement, a décidé de couper court à l’extension du port de Québec (projet Laurentia) en invoquant des raisons environnementaux lesquels, oh ! hasard, ne valent pas pour la très importante extension du port de Montréal sur la rive sud à Contrecœur aux dépens du chevalier cuivré (Jérôme Labbé, Ottawa donne son feu vert à l’expansion du port de Montréal à Contrecœur, Radio-Canada, 1/03/21)
Voilà une autre lutte écologique en développement mais prisonnière du « croissancisme » local et de son esprit de lucre (Benoît Chapdeleine, Port de Contrecoeur : la prospérité pour les uns, un outrage pour les autres, Radio-Canada, 3/03/21). La lutte de Mob6600 est elle aussi contre l’expansionnisme du Port de Montréal même si c’est par l’intermédiaire d’une entreprise privée qui franchit la frontière implicite de la rue Notre-Dame. Ce saut se fait aux dépens des îlots de verdure et des bassins de rétention en cas de pluie diluvienne quand ce n’est pas de l’intégration de la nature et de l’agriculture dans l’urbanité des quartiers populaires.
La manifestation de samedi porte politiquement cette lutte contre cette expansionnisme dû à l’ogre de la consommation de masse. Cette lutte est aussi la plus mobilisée des multiples luttes urbaines pour la préservation et le retour de la nature en ville tel celle des comités anti-REM de la Caisse, elle aussi réclamant son bout du parc nature, celle du comité pour la plantation d’arbres dans le quartier multiculturel Parc-Extension, celle pour la création d’un parc ornithologique sur le terrain appartenant à l’aéroport de Montréal et celles en banlieue afin de préserver des boisés et des milieux humides.
Une manifestation dans le sillage de la lutte générale du peuple québécois pour le climat
Tant par l’ampleur de sa mobilisation (Marc Bonhomme, La logistique contre la nature et la vie sociale d’Hochelaga-Maisonneuve — manifestation des 500 contre « leurs profits qui nous polluent la vie », Presse-toi-à-gauche, 26/05/21) que par sa médiatisation dans le Grand Montréal et quasi nationale, la lutte de Mob6600 trouve sa place dans le sillage de la lutte générale du peuple québécois pour la biodiversité et pour le climat. D’ailleurs, en ces tempsélectoraux, la gent politique ne s’y trompe pas (Voir mon blogue :Mobilisation et élections vis-àvis le parc nature d’Hochelaga-Maisonneuve — Le parlementarisme conduit à la récupération politicienne qui démobilise, 5/09/21).
Plus la manifestation du samedi 18 septembre sera imposante plus elle enracinera cette lutte générale nationale et mondiale pour la survie civilisationnelle de l’humanité, si ce n’est pour sa survie tout court, sur le terrain des vaches des quartiers… en attendant de l’enraciner sur les lieux de travail qui tardent à se mobiliser. Citoyennes et citoyens du Grand Montréal, soyons-y !
Marc Bonhomme, 12 septembre 2021
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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