Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Commémoration de la tuerie de Polytechnique : Femmes autochtones et non-autochtones solidaires pour contrer les violences

MONTRÉAL, le 6 déc. 2015 - Le comité des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes ainsi qu’une centaine de personnes se sont réunis aujourd’hui à la Place-du-6-décembre pour rendre hommage aux 14 femmes assassinées il y a 26 ans. Si l’on reconnaît aujourd’hui cette tuerie comme un crime politique contre les femmes, il est important de reconnaître que la lutte pour l’égalité, la justice et le droit à vivre dans un monde sans violence est loin d’être acquis pour les femmes. La commémoration de cette année revêt un caractère particulier en soulignant les luttes des femmes autochtones et leur résilience devant les violences sexistes et racistes qu’elles vivent, alors qu’elles sont 5 fois plus exposées aux violences que les femmes non-autochtones.

Lors de la commémoration, Viviane Michel de Femmes autochtones au Québec (FAQ) et Mélanie Sarazin de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) ont procédé à l’échange de roses et d’une tresse de foin d’odeur pour symboliser le lien entre les 14 femmes tuées en 1989 à Polytechnique, parce qu’elles étaient des femmes, et les 1186 femmes autochtones disparues ou assassinées, parce qu’elles sont femmes et parce qu’elles sont autochtones. « En offrant ces roses et en ajoutant cette tresse de foin d’odeur aux 14 rubans blancs, nous avons voulu honorer la mémoire des femmes autochtones disparues et assassinées et symboliser notre engagement à lutter aux côtés des femmes autochtones pour transformer les pratiques, les institutions et les lois colonialistes et sexistes qui favorisent la violence envers elles », affirme Mélanie Sarazin, présidente de la FFQ. Cet échange symbolique s’est déroulé en présence de deux familles de femmes autochtones disparues ou assassinées.

Mettre fin aux violences et à la disparition des femmes

Les violences vécues par les femmes s’inscrivent dans un continuum et dans une logique de contrôle. Elles s’enracinent dans le sexisme et prennent diverses formes selon qu’elles s’articulent avec le racisme, le colonialisme ou le capacitisme, par exemple. La disparition et l’assassinat des femmes autochtones au Québec et au Canada sont des cas éloquents de la violence sexiste et colonialiste qui vise à faire disparaître les femmes autochtones du territoire. « Pour nous, toutes les formes de violence envers les femmes et les filles autochtones, peu importe leur provenance, sont ancrées dans la marginalisation et la discrimination qui découlent de la colonisation. Il n’y a aucun doute que cette violence est de nature systémique puisqu’elle s’opère à travers différentes institutions ; police, médias, systèmes d’éducation et de justice, et dévalorise la vie des femmes autochtones » affirme Viviane Michel, présidente de FAQ.

Rappelons que depuis plus de 10 ans, FAQ exige la mise sur pied d’une commission d’enquête nationale sur la disparition et l’assassinat de femmes autochtones au Canada et suit maintenant activement la mise en place de cette commission par le gouvernement fédéral. À la suite des révélations d’agressions commises par la Sûreté du Québec à Val-d’Or, FAQ exige également du gouvernement québécois la tenue d’une enquête indépendante sur les agissements des policiers, suivie d’un plan d’action et de moyens financiers pour les groupes qui soutiennent les personnes autochtones. Elles exigent aussi l’accès à des services et à du soutien immédiat pour les victimes et leurs familles. « Comme mouvement féministe, il est de notre devoir de soutenir ces revendications, mais également de s’engager à lutter pour transformer les rapports colonialistes qui marquent nos relations avec les peuples autochtones. C’est ce que nous avons récemment réitéré dans une lettre publique rédigée en solidarité avec FAQ », ajoute Mme Sarazin.

FAQ lancera sa recherche sur les femmes autochtones disparues et assassinées au Québec le 14 décembre à 10h à Kanawake.

Cette commémoration met fin à la 8e campagne des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes au Québec. La campagne des 12 jours vise à susciter une réflexion sur le phénomène de la violence faite aux femmes et sur les actions concrètes à prendre pour éliminer ce fléau.

Les membres du comité des 12 jours d’action pour l’élimination de la violence envers les femmes,

Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF),

Fédération des femmes du Québec (FFQ),

Femmes Autochtones du Québec (FAQ),

L’R des centres de femmes du Québxec,

Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC),

Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS),

Réseau d’action des femmes handicapées du Canada (RAFH),

SOS Violence conjugale,

Y des femmes de Montréal

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