12 mars 2023 / tiré de Canadian Dimension | Photo : Tours de condos à Toronto. Photo gracieuseté de PARTISANS Projects/Flickr.
https://canadiandimension.com/articles/view/combatting-the-ruinous-greed-of-the-developers
Le mastodonte du réaménagement
Lorsque nous avons écrit cet article, nous n’étions pas pleinement conscients des dimensions du mastodonte du réaménagement qui descend sur le centre-ville est ou de l’élan que le projet a déjà pris. En nous appuyant sur l’information disponible par l’entremise de la Ville de Toronto, nous avons maintenant été en mesure de faire le point sur les plans dirigés par les promoteurs pour l’un des quartiers urbains les plus pauvres du Canada.
La rue Dundas Est traverse une bande à travers la communauté, souvent appelée le « corridor Dundas ». Le long de cette bande, quatre grands développements de condos ont été achevés et sept autres doivent encore être construits. Les promoteurs responsables des quatre qui ont été terminés sont Menkes Development (205 unités de condos), le groupe Gupta (1 012 unités), CentreCourt (Grid Condos, 565 unités) et Great Gulf (Pace Condominiums, 387 unités).
Les sept développements qui en sont encore à l’étape de la planification sont infligés à la communauté par Kingsett Capital (responsable du développement de 619 condos à Dundas et Sherbourne), Menkes Development (500 unités), Metropia (670 unités), Centricity Condos (594 unités), CentreCourt Developments Inc. (665 unités), Amexon Development (58 unités) et le groupe Pemberton (598 unités).
Nous estimons le chiffre d’affaires total des 2 169 unités de condos qui ont été achevées à 1,734 milliard de dollars. Les experts s’attendent généralement à ce que les bénéfices de la construction de condos varient de 10 à 20%. Si nous fixons le taux à l’extrémité inférieure, disons 12%, les promoteurs de ces entreprises amasseraient 208,29 millions de dollars. Quant aux projets non encore achevés, ils comprendront 4 227 unités supplémentaires, un chiffre d’affaires de 3,48 milliards de dollars et des bénéfices de l’ordre de 410 millions de dollars. Si le taux plus élevé s’appliquait, les bâtiments qui n’ont pas encore été achevés rapporteraient 700 millions de dollars. Avec les quatre projets déjà en place, cela totaliserait 1,047 milliard de dollars en profits provenant de la campagne de développement, un chiffre remarquable pour un seul quartier de Toronto.
La poussée irresponsable pour créer une offre excédentaire de logements haut de gamme le long du corridor Dundas se déroule sans tenir compte des implications à long terme ou de l’impact dévastateur sur une communauté ouvrière pauvre dont les racines remontent aux années 1800. Risiblement, le développement de logements de luxe en construction dans la région comprendra seulement 24 unités locatives « abordables ». Partout en Ontario et dans le reste du Canada, le rôle destructeur des promoteurs dans l’extrême marchandisation du logement produit des résultats tout aussi épouvantables.
Bien entendu, la voie empruntée par les promoteurs et les autres personnes qui profitent de l’approche actuelle de la fourniture de logements est en train d’être dégagée par les décideurs politiques à tous les niveaux. L’idée de défier les promoteurs est complètement hors de question pour les membres du conseil municipal de Toronto. Même l’aile gauche de l’hôtel de ville en est réduite à demander que quelques unités plus « abordables » soient incluses dans des projets haut de gamme.
Pour sa part, l’administration de Doug Ford agit ouvertement comme un agent politique des promoteurs. La volonté de Ford de céder une partie de la ceinture de verdure autour de Toronto a suscité l’indignation à travers le pays. Les Conservateurs ontariens expriment, dans les termes les plus crus, le consensus entre les gouvernements de ce pays selon lequel l’offre de logements doit être satisfaite, dans la mesure où elle l’est, en subordonnant tout aux diktats du profit.
Alors que Ford sort de la révélation scandaleuse que les promoteurs sont venus à une fête chez lui avec des cadeaux en espèces pour sa fille bientôt mariée, il devient clair que si l’étalement rural qu’il a joyeusement encouragé peut être rentable, il va à l’encontre d’une planification urbaine responsable. Un nouveau rapport nous informe que « [la ville d’]Hamilton a déjà assez d’espace pour construire 87 600 maisons à l’intérieur de ses limites urbaines – près du double de son objectif provincial – sans avoir besoin d’ouvrir la ceinture de verdure ou de s’étendre sur des terres agricoles de qualité ».
De toute évidence, l’opinion dominante selon laquelle le logement devrait être traité comme une marchandise et une source de richesse spéculative est en contradiction avec les besoins des communautés et l’utilisation équitable et durable de l’espace urbain. Comme l’a affirmé le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à un logement convenable, Balakrishhan Rajagopal, « le droit à un logement convenable est plus qu’avoir un toit au-dessus de sa tête, c’est le droit de vivre en sécurité et dans la dignité dans un logement décent ».
La manne de profits des promoteurs le long du corridor Dundas tourne ce point de vue en dérision. Les tours de condos qu’ils érigent fourniront des maisons de luxe à un segment sélectionné de professionnels de la classe moyenne, bien que nous puissions être sûrs que beaucoup resteront vides, car les spéculateurs les conservent dans l’espoir de réaliser un profit. Cette distorsion du système de fourniture de logements rendra, bien entendu, le marché du logement encore plus instable et exclusif.
L’accélération du réaménagement haut de gamme forcera les loyers à la hausse, chassera les locataires à faible revenu et facilitera l’élimination des nombreux refuges pour sans-abri et autres services essentiels qui sont localisés depuis longtemps dans cette région.
Ce processus de défrichement sera mené impitoyablement, car la valeur des propriétés et les aspirations des promoteurs ont priorité sur les besoins humains. L’augmentation des inégalités, de la pauvreté, de la misère et de la prolifération de l’étalement urbain sera le prix que le reste d’entre nous paierons pour l’enrichissement des promoteurs et des spéculateurs parasites.
Se défendre
La communauté du centre-ville a une longue et fière histoire de riposte et une autre série de luttes se dessine, alors que les profits passent avant les besoins en logement de ceux qui vivent dans la région. Un défi au mastodonte du réaménagement est en train d’émerger, qui se concentre sur le projet de développement de condos à Dundas et Sherbourne. Une organisation appelée 230 Fightback mène une campagne pour arrêter le condo et s’assurer que des logements sociaux désespérément nécessaires sont construits à sa place.
Le mois dernier, 230 Fightback a amené une délégation massive à la tour bancaire du quartier financier où le promoteur, KingSett Capital, a un bureau. Les efforts de la police et de la sécurité privée pour exclure la délégation ont échoué, et un haut représentant de l’entreprise a été contraint d’accepter une lettre de protestation. Il a été très clair que le promoteur et ses facilitateurs à l’Hôtel de ville peuvent s’attendre à être contestés. Si Bay Street vient à Dundas et Sherbourne, alors Dundas et Sherbourne iront à Bay Street.
La lutte s’intensifiera au cours du printemps et de l’été. Il y a des plans pour des réunions communautaires et une grande mobilisation dans les rues en juin. En contestant ce développement de condos et les autres projets dans la région, 230 Fightback s’engage dans l’intérêt des communautés partout au Canada. Le logement doit être traité comme un besoin social vital et un droit de l’homme, et il faut mettre fin à la manne de profits destructeurs des promoteurs.
John Clarke est écrivain et organisateur à la retraite de la Coalition ontarienne contre la pauvreté (PCAP). Suivez ses tweets sur @JohnOCAP et son blog sur johnclarkeblog.com.
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