Le Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7) a pour objectif de dénoncer le caractère impérialiste, colonialiste et anti-environnemental du sommet du G7 qui aura lieu les 8-9 juin 2018 à la Malbaie. L’objectif de ce sommet n’est pas de régler la catastrophe climatique annoncée, mais de s’assurer de maintenir l’hégémonie de ses pays membres sur une planète à bout de souffle. L’agenda peut sembler progressiste, mais l’expérience démontre que ces belles paroles ne mèneront à rien de bénéfique.
Après tout, ce n’est pas le gouvernement français qui ira défendre les travailleuses et travailleurs. Macron, le président français, s’est déjà démarqué en poussant des mesures drastiques qui fragilisent la situation déjà difficile des jeunes de France. Ce n’est pas le gouvernement d’Allemagne qui défendra le filet social. Merkel, la chancellière allemande, a réitéré à de multiples reprises que l’Europe dépensait trop pour défendre les plus démuniEs afin de justifier des mesures draconniennes contre la Grèce et l’Espagne. Et ce n’est certainement pas le gouvernement de Trump qui défendra les femmes, l’environnement et les personnes migrantes. La réputation du monstre orange américain n’est plus à faire. Nous ne sommes pas mieux logéEs au Canada, où Trudeau continue de supporter les politiques rétrogrades imposées par son prédécesseur, Harper. On peut le voir quand il limite la quantité de migrantEs, en expulse d’autres et donne le feu vert pour des pipelines !
Il est donc de notre ressort de leur rappeler leurs obligations envers les peuples du monde, envers nous touTEs. Et leur rappeler que chaque once de leur pouvoir ne leur est donnée que par notre bon vouloir. Et que ce soutien peut leur être retiré en tout temps.
C’est pourquoi l’assemblée générale du RRAG7 appelle pour un rassemblement anticapitaliste contre le G7. Comme la plupart des négociations concrètes auront lieu dans la ville de Québec et que la ville de la Malbaie elle-même risque d’être difficilement accessible, l’assemblée générale du RRAG7 appelle à une convergence vers Québec du jeudi soir (7 juin) au samedi soir (9 juin). Une marche unitaire festive contre le G7, anti-impérialiste, anti-patriarcale, anti-colonialiste, anti-raciste, anti-capitaliste, contre l’extractivisme et contre les frontières est appelée pour le jeudi 7 juin au soir à Québec. L’objectif de l’assemblée générale du RRAG7 est de faire de cette soirée une marche accessible et ouverte à touTEs, idéalement avec la coopération d’autres groupes.
L’assemblée générale appelle à une journée de perturbation des activités du G7 pour la journée du vendredi 8 juin. Afin de lancer cette journée, le RRAG7 organisera une activité de perturbation dans la région de Québec le matin du vendredi 8 juin.
Les frontières doivent tomber : Contre l’agenda impérialiste des nations du G7
Au cours des dernières années, nous avons assisté à une poussée grandissante du phénomène migratoire dans le monde entier. Alors que les nations impérialistes du G7 qualifient cela de « crise des migrant-e-s », il s’agit plutôt d’une « crise » provoquée par des conditions déjà présentes depuis longtemps et intensifiées de par le monde : des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison de l’oppression politique, de la violence militaire, de l’extractivisme, de la perte d’emploi, des guerres contre la drogue, du changement climatique, etc. Les pays du G7 sont disproportionnellement responsables des dévastations qui se produisent partout dans le monde, poussant ainsi les gens à se déplacer et à migrer vers de nouveaux pays. Que ce soit l’OTAN qui vienne déstabiliser la Libye, l’intervention française au Mali, les rebelles de la CIA terrorisant la Syrie, les compagnies minières canadiennes forçant les paysans d’Amérique centrale à quitter leurs terres ou les changements climatiques provoquant la sécheresse et la famine, les États du G7 sont les principaux responsables. Plutôt que d’agir en conséquence, ces pays renforcent la xénophobie, militarisent davantage leurs frontières, et refusent de faire face aux crises qu’ils ont déclenchées en ne permettant pas l’accès aux territoire aux personnes directement affectées par leurs actions.
Création et exploitation de la main-d’œuvre migrante
Les frontières servent à plusieurs fins pour le capital et le projet de l’État-nation. À leur fondation, le Canada et les États-Unis ont été construits sur le vol de terres autochtones et sur le génocide constant et le déplacement des peuples autochtones. Ces frontières ont été établies par des guerres coloniales, au profit des colonisateurs et colonisatrices européen-ne-s. Les frontières imposées par les États impérialistes servent à dissuader et à contrôler les migrant-e-s, tout en maintenant la pauvreté dans les pays pauvres. Les pays du Sud global n’arrivent pas à créer suffisamment d’emplois pour l’ensemble des populations entrant sur le marché du travail. Parallèlement à la délocalisation des emplois dans les pays du Sud global pour y exploiter les travailleurs et travailleuses à bas salaire, les pays du G7 comptent de plus en plus sur le travail des migrants et migrantes temporaires à l’intérieur même de leurs frontières. Le régime d’immigration strict du Nord global et les contrôles frontaliers (par le biais de contrôles d’identité, des centres de détention, de raids d’expulsion, etc.) garantissent une main-d’œuvre immigrante précaire à l’échelle nationale et une hiérarchie raciste liée à la citoyenneté. En outre, ce régime permet de constituer une vaste réserve et une grande main-d’œuvre de personnes sans-emplois et sous-employés dans les pays du Sud global, ce qui permet le maintient de salaires bas et de bénéfices élevés pour les entreprises manufacturières du Nord global qui exploitent ces travailleur-e-s.(Voir Note 1)
Divisions au sein des groupes sociaux
Par dessous tout cela, le discours dominant vient justifier la déportation des personnes migrantes en présentant de telles actions comme étant profitables aux citoyen-ne-s et à la « majorité ». Cela redirige la responsabilité de ceux et celles qui ont provoqué les crises économiques - les gouvernements et les politicien-ne-s qui mettent en œuvre avec insistance leur doctrine néolibérale - envers les personnes les plus touchées par ces mesures. Le mensonge selon lequel les immigrant-e-s « volent des emplois » ou trompent les services sociaux ne sert qu’aux intérêts des entreprises et des gouvernements, qui peuvent ainsi mieux exploiter cette main-d’œuvre par les moyens de la criminalisation et l’isolement. Le discours dominant et la couverture médiatique alimentent souvent ces divisions entre les groupes sociaux, les opposant les uns aux autres plutôt que de faire valoir la répartition injuste de la richesse et du pouvoir. Dans des mesures d’austérité imposées par le gouvernement, les gens qui arrivent au Canada sont décrits et perçus comme des concurrents face à une banque de ressources limitées, alors qu’en réalité, ces mêmes services et ressources ont été conçus de telle sorte qu’ils ne soient jamais accessibles à la plupart d’entre eux et elles.
Recrudescence du racisme et de l’islamophobie
De plus, nous assistons à une normalisation de l’islamophobie et du racisme de la part de l’État et les médias de masse, ce qui alimente les discours d’extrême droite tenus par des groupes tels que La Meute et Storm Alliance. En déclarant qu’ils et elles ne sont que contre les « immigrants illégaux », ces gens insinuent à tort que les migrant-e-s qui traversent de manière irrégulière commettent des actes criminels ou illégaux.(Voir Note 2) Les groupes d’extrême droite à travers l’Europe, les États-Unis et le Canada propagent délibérément la confusion en accusant les réfugié-e-s de « sauter la queue ». Ils visent à susciter la peur d’une « invasion » et d’une supposée « menace terroriste » lorsqu’ils se plaignent du nombre de personnes traversant les frontières - en particulier en ce qui concerne les hommes - utilisant ainsi les peurs sociétales racistes et islamophobes dirigées envers les personnes non-blanches. Dans le spectre de la « guerre contre le terrorisme », décrivant la situation comme étant une « invasion » et une « crise », cela devient un outil de justification de mesures gouvernementales exceptionnelles ou « d’urgence » visant à renforcer et à étendre les services frontaliers, autant en Europe qu’aux États-Unis et au Canada. Avec la récente augmentation mondiale du phénomène migratoire, les passages irréguliers sont perçus comme une menace pour l’ordre mondial et pour le pouvoir des États-nations.
Le Canada n’est pas « moins pire »
Paradoxalement, de nombreux pays du G7 projettent encore une image positive comme étant accueillants et ouverts aux immigrant-e-s, campagne menée par des personnalités publiques et des politicien-ne-s comme Justin Trudeau. Pourtant, une observation plus étroite de la situation démontre que cette image qui nous est présentée est manifestement fausse. Par exemple, seulement au Canada, on estime qu’il y a environ cinq cent mille personnes vivant sans-statut à travers le pays, ce nombre ne comprenant même pas les milliers d’autres détenteurs d’un permis temporaire ou qui attendent qu’une décision soit prise au sujet de leur statut. Au cours des dernières années, seulement 50% des personnes ayant réussi à faire une demande d’asile ont été acceptées en moyenne. Les demandeurs d’asile et les migrant-e-s sont encouragés à mettre leurs efforts et leurs espoirs dans leurs cas individuels, en essayant de prouver qu’ils et elles sont de « vrais réfugiés » et de « bons immigrants ». Ce long combat bureaucratique isole les personnes qui passent à travers le processus, tandis bon nombre de demandeurs d’asile se verront refuser l’accès, ce qui leur laissera le choix d’être expulsés du pays ou de rester au Canada sans-papiers. Entre 2006 et 2014, le gouvernement canadien a expulsé 117 531 personnes, y compris vers des pays qui détiennent des moratoires officiels sur l’expulsion. Le mensonge selon lequel le Canada est ouvert et accueillant pour les immigrant-e-s se reflète non seulement dans le grand nombre de déportations, mais aussi dans les milliers de personnes emprisonnées dans les centres de détention pour migrant-e-s, qui sont devenues des industries immensément rentables pour des sociétés de sécurité privées telles que GARDA. Beaucoup de personnes détenues dans ces centres sont détenues indéfiniment, et les conditions sont si mauvaises que 16 décès ont été reportés depuis l’an 2000.
Les réfugiés climatiques
Alors que les pays du G7 s’apprêtent à discuter de sujets tels que « Travailler ensemble sur le changement climatique, les océans et l’énergie propre » et « Construire un monde plus pacifique et plus sûr », il est clair que ceux-ci sont en eux-mêmes responsables des changements climatiques, de la violence militaire, de l’oppression politique et de la création d’un « monde incertain ». Malgré tout, les pays du G7 n’ont aucune intention de régler ces problèmes. Dans le mois et les années à venir, nous verrons probablement une escalade des pires effets liés aux changements climatiques. Un élément crucial de la justice migrante et de la lutte contre les frontières est le soutien et la construction d’un mouvement radical face aux changements climatiques, qui s’oppose à l’utilisation de la menace du chaos climatique comme excuse pour des contrôles migratoires encore plus cruels.
Un appel à l’action
Plutôt que de se concentrer sur la politique draconienne de certaines classes dirigeantes du G7 et de leurs politicien-ne-s, nous devons travailler au démantèlement d’un système pourri : un système conçu pour diviser les gens, les opposer et les détourner de la véritable cause de la pénurie (c’est-à-dire le système capitaliste avec sa multitude d’oppressions, y compris le racisme, la suprématie blanche et l’islamophobie, le patriarcat, le sexisme, l’homophobie et la transphobie, l’antisémitisme, l’âgisme et le capacitisme). Au cours des prochains mois qui mèneront au G7 et (surtout) au-delà, nous devons nous opposer activement aux récits dominants racistes et islamophobes et à la couverture médiatique entourant les personne migrant-e-s. Nous devons prendre des mesures collectives en solidarité avec ceux et celles qui traversent la frontière pour entrer au Canada. Nous devons nous opposer à la fausse notion de « bons ou de mauvais » migrant-e-s ou de « vrais réfugiés ». Nous devons résister aux déportations et aux détentions. Nous devons soutenir activement la souveraineté et l’autodétermination des peuples autochtones, et soutenir les luttes anticoloniales qui s’opposent à la destruction et à l’exploitation continue des terres autochtones. Nous devons construire des initiatives locales inclusives basées sur une organisation non hiérarchique, une aide mutuelle et une solidarité radicale afin de renforcer la résistance de la communauté contre la mise en place de contrôles étatiques, en particulier les contrôles frontaliers dans nos villes.
Pour ceux qui luttent pour la liberté et l’égalité, le problème est la structure en elle-même, pas seulement leurs figures de proue.
À bas les frontières. À bas les nations. À bas le G7 !
Note 1 : Avec le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), les employeurs au Canada, par exemple, peuvent choisir une main-d’œuvre de n’importe quel pays dans le monde, sans la surveillance du gouvernement, et sans accords bilatéraux. Pour ces travailleur-e-s, il n’y a pas de chemin vers la résidence permanente ; le droit des travailleur-e-s de rester au Canada dépend entièrement de leur employeur-e. La plupart des travailleur-e-s migrant-e-s reviennent chaque année pour effectuer le même travail contractuel « à court terme ». Ces travailleur-e-s sont rendus « temporairement permanents », enfermés dans une situation d’insécurité persistante, sans droits régularisés liés à leurs conditions d’emploi, sans protection légale ni accès aux services sociaux auxquels ils et elles ont cotisé, et sous la menace d’une expulsion pour avoir déplu à leur employeur. Les changements intervenus depuis le 1er avril 2015 ont encore exacerbé cette situation : les nouvelles lois « 4 et 4 » ciblent les travailleur-e-s les plus exploités du PTET, limitant ces travailleur-e-s à quatre ans et les empêchant ensuite de revenir pour les quatre prochaines années. Cela rend les travailleur-e-s encore plus isolés et vulnérables, ce qui crée ultimement un système d’immigration à portes tournantes.
Note 2 : Il existe en fait un accord sur les « pays tiers sûrs » entre le Canada et les États-Unis qui pousse les gens à prendre le risque de traverser les frontières de façon irrégulière. Cet accord sert à construire une forteresse « Amérique du Nord » et empêche les migrant-e-s de revendiquer le statut de réfugié s’ils et elles viennent au Canada depuis les États-Unis à un poste frontalier régulier. Cependant, le tout petit échappatoire du droit international des réfugiés permet à ceux-ci et celles-ci de faire des réclamations une fois qu’ils et elles sont déjà à l’intérieur du pays, ce qui les pousse à traverser les frontières de manière souvent dangereuse.
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