Dans la bonne tradition des compromis, qui sont le lot quotidien des syndicats, la CSN propose que le port des signes ostentatoires ne soit interdit qu’au personnel des écoles primaires et secondaires, ainsi qu’au personnel des garderies privées et publiques, au nom de la vulnérabilité des enfants qu’il faut protéger. Cela rejoint le fait que le Québec soit le seul État en Amérique du nord qui interdit la publicité destinée aux enfants. Je crois qu’il y a là une position qui permettrait de rallier de nombreuses personnes, tant parmi celles qui s’opposent aux interdictions tous azimuts que celles qui disent : « Il faut faire quelque chose, envoyer un signal ». Comme le sociologue Guy Rocher, la CSN est par ailleurs favorable à une « clause grand-père » : l’emploi des personnes en poste est protégé et la charte s’applique aux nouvelles embauches.
J’avoue en toute simplicité que je m’identifie souvent et profondément aux positions de la CSN. J’ai été membre bénévole (pas toujours « libéré » de ses tâches) d’un exécutif local CSN pendant de nombreuses années. J’ai participé à de nombreuses instances (congrès, conseils, etc.) tant au national, qu’à la fédération (FSSS-CSN) et au régional (Conseil central de Montréal). J’ai toujours été impressionné par la qualité des débats démocratiques. Le syndicalisme, quand c’est bien pratiqué, c’est une très bonne école de démocratie. Je me souviens des témoignages de confrères et consoeurs de travail, au retour d’une réunion nationale d’instance syndicale : « Jacques, je ne pourrai plus jamais assister à une AG de notre syndicat sans me rappeler tout le travail de réflexion qui se fait en amont de nos réunions locales, pour bâtir un argumentaire, pour tenir compte de tous les points de vue et de notre expérience collective ».
Je ne dis pas que la position de la CSN dans le dossier de la Charte de la laïcité est parfaite. Je dis qu’elle est une très belle contribution au débat et qu’elle marque un esprit d’ouverture que l’on ne trouve pas partout.