L’autre soir, je suis tombé sur l’une de ces émissions télévisuelles qui nous promettait la découverte des secrets de Toutankhamon. Connaissant l’intérêt de mon conjoint pour tout ce qui concerne l’Égypte ancienne, je l’appelle de la pièce où il se trouve pour qu’il vienne regarder ça. Après tout, on aura de belles vues des trésors et de la momie, dont on nous promet des radios, IRM et autres images. Comme il s’agit d’une émission en anglais, je lui servirai d’interprète.
L’avantage avec les émissions de science pop de ce genre, c’est que la tâche est particulièrement facile et reposante pour un interprète. En effet, une phrase toutes les dix minutes suffit amplement à résumer l’essentiel du propos. Mais, j’ai dû décrocher et annoncer à mon comparse qu’il devrait se contenter des images pour la suite quand le narrateur nous a prévenus que, grâce aux tests d’ADN, les savants venaient de faire une découverte extraordinaire et plutôt choquante. Figurez-vous qu’ils nous disent avoir « appris » que Toutankhamon était le fruit d’une relation incestueuse et que les momies d’enfants morts-nés qui l’accompagnaient étaient les enfants que lui-même avait eus avec son épouse qui se trouvait à être sa sœur.
Ce fait, que les pharaons épousaient leur sœur, est connu de tous depuis que l’égyptologie existe. Qu’on nous prenne pour des gourdes à ce point est particulièrement offensant. Si au moins on avait eu la décence de dire que les tests d’ADN ont permis de prouver ce que les textes disent depuis toujours, j’aurais passé l’éponge.
Et voilà comment en prétendant nous intéresser à la science, on se rend ridicule et on discrédite les vrais discours savants.
LAGACÉ, Francis
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