France
De Paris Omar HADDADOU
Un coup à la canadienne, laborieusement accompli !
D’abord cette déclaration liminaire : Au moment où tout Paris est sur les dents, Madame le Maire Anne-Hidalgo a préféré se déplacer, samedi passé, à pas étouffés en Guadeloupe pour donner un coup de fouet à sa campagne électorale. Grand absent de l’échéance présidentielle du 10 avril 2022, le Président Macron, en charge du sauvetage d’une planète nucléarisée, ne s’est toujours pas déclaré candidat. Et, croyez-moi ! Ses atermoiements suscitent toujours des prurits cutanés qui turlupinent toute la classe politique. Je vous bats, sans bouger le petit doigt ! semble leur signifier le chef de l’Etat, trop absorbé par la crise russo-ukrainienne et un agenda le conviant les 17 et 18 février à Bruxelles pour le 6 ème sommet Union européenne – Union africaine. Loin devant avec ses 25 %, Macron ne daigne même pas un coup dans le rétroviseur pour voir la droite et l’extrême se bouffer le nez par des discours vitriolés - de commères de bains maures - interposés sur fond de défections scandaleuses, au grand bonheur des masses médias.
Sur le plan social, le ras bol, la grogne et la mobilisation avaient trouvé un élan de solidarité jusqu’en Belgique, près un crochet devant le siège du Parlement européen, à Strasbourg. Mais l’essoufflement a eu raison de la montée en puissance. A Paris, ils étaient des centaines ce week-end à se rallier, malgré l’interdiction préfectorale, au convoi de la Liberté sur les Champs-Elysées pour protester contre le passe vaccinal et la cherté de la vie. La mise en place d’un dispositif imposant, n’a pas empêché les opposants et les Gilets jaunes, arrivés des quatre coins de l’Hexagone en voiture, camping-car, moto, à se frayer des brèches et prendre d’assaut l’Arc-De-Triomphe, l’emblème français brandi ostensiblement. Les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur font état de 32.100 manifestants en France le samedi, dont 7.600 à Paris. Envahie par 3300 véhicules dont un millier sur la route nationale 20 en provenance d’Orléans et 500 sur l’autoroute A10-A11, la capitale est aussitôt quadrillée par une armada de policiers et de gendarmes progressant en rangs d’oignon.
Pris en tenaille, les Champs-Elysées passent au peigne fin. On dénombre 337 verbalisations et 54 interpellations. L’usage du gaz lacrymogène suscite l’indignation des partisans du convoi de la Liberté accusant les forces de l’ordre d’avoir la gâchette facile. Nous interrogeons une CRS en faction devant l’Arc-De- Triomphe sur l’éventuelle « utilisation dissuasive abusive ». Elle rétorque vivement : « On ne riposte pas s’il n’y a pas d’attaque ! », puis nous glisse une confirmation quant à l’arrestation du leader du mouvement des Gilets jaune, Jérôme Rodrigues, pour refus de se soumettre à un contrôle policier et rébellion.
Les renforts, toutes sirènes hurlantes, affluent de partout, même les blindés et la police montante. Le Préfet Didier Lallement engage ses brigades dans une opération coup de poing qui finira, non sans peine, par évacuer les abords de la plus belle avenue, offrant aux touristes et aux badauds un espace comme traçabilité tantôt suffisant, tantôt révolutionnaire : « Nous ferons en sorte que la liberté de circulation puisse s’exercer » fait savoir le fonctionnaire de l’Etat.
Si la rue parisienne a osé, la bruxelloise n’a pas fait long feu, hier, contre le passe sanitaire en s’engageant dans la même dynamique. L’espoir d’une convergence européenne en vue d’un blocage à l’instar d’Ottawa au Canada, a tourné court, au grand dam d’une ambition d’envergure.
O.H
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