Jusqu’à maintenant, le gouvernement a laissé entendre qu’il voulait aider davantage de personnes que les 3,3 millions de personnes admissibles au Crédit d’impôt pour solidarité qui ont reçu la « prestation exceptionnelle pour le coût de la vie » en janvier dernier. Et le premier ministre a affirmé qu’un « montant unique » pourrait leur être versé, ce qui présente l’avantage, selon lui, que « les plus petits revenus en profitent plus que les gros revenus ».
« Ce n’est que le 22 mars que nous connaîtrons le fin détail de cette mesure, convient la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. Mais nous pouvons déjà réaffirmer qu’il serait irresponsable de la part du gouvernement de ne pas accorder une attention spéciale aux personnes en situation de pauvreté dans son budget. Celles-ci sont plus durement touchées par la moindre hausse des prix, car elles vivent déjà dans le rouge à l’année, sans aucune marge de manœuvre.
« Dans une perspective de lutte aux inégalités, le gouvernement serait malavisé de donner moins d’argent aux plus pauvres pour pouvoir en donner aussi un peu aux plus riches. C’est le contraire qu’il devrait faire : favoriser une redistribution de la richesse collective des quintiles les plus riches vers les quintiles les plus pauvres. »
Des mesures structurantes plutôt que des mesures ponctuelles
Non seulement les montants versés aux personnes en situation de pauvreté s’annoncent-ils insuffisants, mais le caractère ponctuel de cette aide est tout aussi problématique. Dans son mémoire prébudgétaire, le Collectif a souligné la nécessité de mettre en place des mesures structurantes pour permettre aux gens de sortir durablement la tête de l’eau. Il a mis l’accent sur trois grandes recommandations :
– Rehausser les protections publiques de façon à assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la Mesure du panier de consommation (MPC) ;
– Fixer le salaire minimum à 18 $ l’heure afin qu’une personne seule travaillant 35 h par semaine puisse sortir de la pauvreté ;
– Procéder à un réinvestissement massif et immédiat dans les services publics afin d’en assurer la qualité et l’accessibilité.
« En plus de l’augmentation du salaire minimum, il y a plusieurs mesures concrètes qui permettraient d’augmenter rapidement et durablement les revenus des personnes en situation de pauvreté, rappelle Serge Petitclerc, également porte-parole du Collectif. Le ministre des Finances pourrait par exemple augmenter le Crédit d’impôt pour solidarité de façon permanente, et d’un montant plus important que les 275 $ versés en janvier dernier aux personnes seules qui y étaient admissibles (200 $ pour les personnes visant en couple ou en colocation). Il pourrait encore une fois augmenter le Crédit d’impôt pour le soutien des aînés, mais en en faisant bénéficier les personnes de 65 à 69 ans, qui n’y sont inexplicablement pas admissibles.
« Parmi les autres idées que le Collectif a soumises au ministre se trouve l’indexation trimestrielle des prestations d’assistance sociale, qui permettrait de maintenir plus adéquatement le pouvoir d’achat des gens. Par ailleurs, il serait à peu près temps que le gouvernement respecte ses engagements en ajustant le montant des prestations d’assistance sociale selon la MPC révisée et en mettant complètement fin au détournement des pensions alimentaires pour enfants. »
En conclusion
« Ces quelques mesures pourraient permettre aux personnes en situation de pauvreté de souffler un peu, et plus longtemps qu’avec l’aide ponctuelle annoncée par le gouvernement, poursuit Serge Petitclerc. Mais il va de soi qu’elles ne suffiraient pas à régler le problème de la pauvreté au Québec. Elles ne suffiraient même pas à assurer la couverture des besoins de base à l’ensemble des ménages, ce qui représente pourtant une cible minimale, une cible que le gouvernement est tenu de viser selon la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. »
À quelques jours du budget, le Collectif pour un Québec sans pauvreté invite une nouvelle fois le gouvernement à privilégier un soutien au revenu à long terme, avec l’objectif de garantir à toutes et à tous un revenu au moins égal à la MPC. S’il persiste dans la voie de l’aide ponctuelle, et encore plus si celle-ci n’est pas majorée substantiellement pour les personnes en situation de pauvreté, c’est un échec annoncé.
Un message, un commentaire ?