« Avec un déficit de moins 0,1% du budget, l’équilibre budgétaire est pour ainsi dire atteint. Il aura coûté cher toutefois à la population canadienne pour se rendre jusque-là. Les compressions budgétaires totalisaient 10,2 G$ l’an dernier et atteindront 14 G$ en 2014-2015, ce qui représente 0,7% du PIB. Une telle réduction de l’activité économique gouvernementale freine la croissance économique et celle-ci est d’ailleurs demeurée sous la barre des 2% en 2013 », remarque Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS.
« Les nouveaux investissements, relativement peu nombreux, montrent quels sont les priorités du gouvernement fédéral. Le plus gros investissement, 250 M$, sera dans l’industrie automobile. La centrale nucléaire de Chalk River connaîtra également un investissement important de 114 M$ cette année. Ces deux investissements vont à contresens de la nécessaire transition écologique dont l’économie canadienne aurait besoin », affirme Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS
Dans la section du budget consacrée aux ressources, au patrimoine et aux transports, 45% des nouveaux investissements pour 2014-2015 vont au secteur des transports, 38% à l’exploitation des ressources et seulement 4% à la protection du patrimoine, soit un montant de 13 M$.
M. Tremblay-Pepin précise : « Du montant de 13 M$ accordé à la protection du patrimoine, 10 M$ est consacré à favoriser la pêche récréative et à ouvrir des sentiers de motoneige. Pourtant, le gouvernement investit en même temps 28 M$ sur deux ans pour obtenir « plus de certitude quant aux délais » de l’Office canadien de l’énergie pour l’approbation de l’oléoduc TransCanada Énergie Est. Si le gouvernement est à ce point résolu à construire un pipeline qui transporter du pétrole des sables bitumineux, les efforts consacrés à la protection du patrimoine et de l’environnement pourraient être plus ambitieux que l’ouverture de sentier de motoneige ».
Certains investissements du gouvernement fédéral sont néanmoins opportuns, en particulier ceux touchant les nations autochtones. Alors que l’attention du public a été portée ces dernières années sur les besoins criants qui se font sentir sur les réserves, il est heureux de voir que les nouveaux fonds attribués reconnaissent ces problèmes. Ces mesures budgétaires visent notamment l’éducation, la lutte contre la violence faite aux femmes et l’accès à l’eau potable.