L’organisme avertit que la situation du logement pourrait s’envenimer davantage si le gouvernement ne met pas immédiatement en place des mesures structurantes pour éviter que la crise ne s’envenime. Il le presse donc d’annoncer des investissements supplémentaires immédiats dans son programme AccèsLogis, de créer un grand chantier de logements sociaux et de mieux protéger les ménages locataires contre les évictions, les reprises de logement et les hausses abusives de loyer.
Selon les données recueillies à ce jour auprès des services d’aide municipaux, le nombre de ménages toujours sans logement est de 128 à Montréal, 75 à Drummondville, 73 à Sherbrooke, 32 à Longueuil, 35 à Québec, 28 à Gatineau, 22 à Trois-Rivières, 14 à Châteauguay, 12 sur le territoire de Lanaudière Sud (Terrebonne, L’Assomption, Repentigny et Mascouche) et 11 à Rimouski. Le FRAPRU précise que cette année, au moins 2200 ménages ont contacté un service d’aide, duquel il a pu recevoir de l’information, sans compter tous ceux qui ont fait appel à un organisme communautaire ou à comité logement pour une éviction ou une hausse abusive de loyer. Il craint par ailleurs que, comme l’an dernier, que le nombre de ménages locataires sans logis continue d’augmenter dans certaines villes durant le mois de juillet. L’organisme suggère aux locataires à risque de se retrouver sans logement dans les prochains jours ou les prochaines semaines, de contacter sans tarder les services d’aide en place ou de l’appeler directement pour obtenir de l’assistance.
Des mesures d’aide d’urgence nécessaires
Le FRAPRU se réjouit que davantage de municipalités aient accepté de se doter d’un service d’aide d’urgence pour les ménages sans logis. Il souligne notamment les améliorations apportées à Montréal qui, en plus d’offrir de l’hébergement temporaire, accorde de l’aide à l’entreposage et au déménagement, ce qui a permis de soulager les locataires aux prises avec une réalité déjà stressante. Il constate que la mise en place de services d’aide tôt, permet à plus de ménages locataires en difficulté d’être aidés en amont.
Le regroupement apprécie également les améliorations apportées par le gouvernement du Québec à son programme d’aide d’urgence. Mais, selon lui, les mesures d’aide ont été annoncées trop tardivement pour permettre à des services adéquats de se mettre en place dans les villes où il n’y en avait pas déjà et, dans certains cas, ne se sont pas rendues aux ménages qui en avaient pourtant besoin. Par ailleurs, même s’il considère positifs les assouplissements consentis pour l’attribution des suppléments au loyer d’urgence, il constate qu’ils ne sont pas suffisants et que, pour le moment, seule une minorité de sans-logis a pu en bénéficier. Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, explique que « toutes nécessaires qu’elles soient dans des cas d’urgence, ces subventions sont incapables de faire apparaître des logements dans les villes où il y a une pénurie extrême. Par ailleurs, elles ne peuvent s’adapter à la cherté grandissante des loyers dans une ville comme Montréal. »
La crise est bien réelle
Le FRAPRU considère que les sans-logis du 1er juillet révèlent une crise beaucoup plus large. Des dizaines de milliers de ménages locataires sont condamnés à couper mois après mois dans d’autres besoins essentiels pour payer le loyer, vivent dans des logements totalement inadéquats, insalubres, non-sécuritaires ou sont exposés à toutes sortes de manœuvres comme les rénovictions. Selon l’organisme, la cause de cette crise est la totale déconnexion de la réalité actuelle du marché privé de l’habitation, reposant sur la marchandisation de l’habitation et la spéculation, et celle des locataires.
Véronique Laflamme considère que la disponibilité ou non de logements n’est qu’une facette du problème, comme le montre l’exemple de Montréal : « Selon les dernières statistiques, le taux de logements inoccupés est de 3,2 % dans la ville de Montréal, ce qui est au-dessus du seuil d’équilibre. Pourtant, pas moins de 554 ménages locataires ont fait appel au service de référence de l’office municipal d’habitation, cette année. Cette situation en dit long sur la profondeur de la crise ».
Des solutions connues à mettre en place sans attendre
« Des mesures d’aide au 1er juillet sont nécessaires et il faut continuer à les améliorer, mais il est urgent d’avoir des mesures structurantes pour régler le problème à la source », souligne Véronique Laflamme.
En plus d’un resserrement des contrôles sur le marché privé, le FRAPRU réclame l’accroissement significatif du pourcentage de logements hors marché privé, que ce soit sous la forme de coopératives, d’organismes sans but lucratif d’habitation ou de logements à loyer modique. Pour y parvenir, il préconise le lancement d’un vaste chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans, qui inclurait un programme d’acquisition permettant de protéger de la spéculation les logements locatifs encore abordables.
Le FRAPRU juge sévèrement le gouvernement Legault, les logements sociaux ne représentant à peine 5 % des logements locatifs construits au Québec dans les 4 dernières années. Selon les dernières données disponibles, ce ne sont que 3100 logements sociaux qui ont été finalisés depuis l’arrivée au pourvoir de la Coalition avenir Québec, dont à peine 620 l’an dernier. D’autres sont heureusement en réalisation, mais à ce rythme, le gouvernement n’atteindra pas, d’ici les élections, son engagement de livrer les 15 000 logements sociaux qui étaient déjà planifiés à son arrivée au pouvoir, constate le FRAPRU. Il rappelle que seulement 500 nouveaux logements sociaux se sont ajoutés dans le dernier budget.
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