Édition du 12 novembre 2024

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Belgique - Un pays instable, une austérité imbuvable

Le « sauvetage » et la « stabilité » du pays chère à Di Rupo sera justement au coeur de l’offensive idéologique visant à faire accepter l’austérité au mouvement ouvrier. Les sommets FGTB et CSC semblent paralysés dans une fascination hypnotique face à la crise institutionnelle. Ils tombent déjà à pieds joint dans le panneau du chantage exercé par les partis traditionnels selon lesquels une mobilisation sociale d’ensemble ne ferait qu’aggraver la situation politique et précipiter la crise terminale du pays.

Dans sa campagne électorale, le PS avait promis « Un pays stable et des emplois durables ». Il n’y a ni l’un, ni l’autre. Le « pré-formateur » plusieurs fois malheureux Elio Di Ripo a annoncé la couleur et tous les partis traditionnels qui s’étripent sur BHV et la régionalisation sont par contre parfaitement d’accord sur la « nécessité » d’un plan d’austérité de 25 milliards d’ici 2015. Un plan qui, comme partout ailleurs, s’attaquera de manière frontale aux conditions de vie et aux conquêtes historiques des travailleurs, tout en écartant soigneusement toute mesure effective contre les capitalistes et les grandes fortunes.

La FEB, qui piaffe d’impatience, a d’ores et déjà élaboré son plan : diminution du nombre de fonctionnaires et des pensions dans le secteur public, réduction des dépenses de la Sécu, révision du système des congés (crédit-temps, congé parental, etc.), restauration de la « compétitivité » en réduisant l’« handicap salarial », (en s’attaquant aux salaires et à l’index). Sans oublier également que plusieurs mesures destinées à reculer l’âge de la pension ont déjà été envisagées dans le cadre de la discussion sur le « vieillissement » et reviendront inévitablement sur le tapis.

Mais, Belgique oblige, l’attaque contre les conditions de vie des travailleurs ne prend pas exactement la même forme chez nous. Puisqu’elle se combine étroitement avec une crise institutionnelle extrêmement profonde, cette dernière lui donne un « cachet particulier », à plusieurs niveaux.

Tout d’abord, pour la bourgeoisie flamande, la régionalisation accrue n’est qu’une étape afin de pouvoir appliquer une politique néolibérale plus brutale en Flandre, en se débarrassant à la fois du « poids » du mouvement ouvrier francophone et des conquêtes sociales historiquement arrachées dans le cadre fédéral par l’ensemble du mouvement ouvrier. En même temps, les mesures destinées à mener à bien cette régionalisation accrue constituent autant de mesures d’austérité en elle-mêmes. Les réformes envisagées de la loi de financement et de régionalisation des matières liées à la Sécurité sociale (soins de santé, allocations familiales, politiques de l’emploi) impliquent nécessairement une régression sociale importante, tant pour les salariés flamands, wallons que bruxellois.

La lutte pour le maintien d’une Sécurité sociale fédérale, intégrale et forte est une priorité, mais elle ne signifie pas de tomber dans l’écueil d’un belgicanisme désuet et qui sent de plus en plus la naphtaline. La Sécurité sociale n’est pas un héritage de la Belgique monarchiste et unitaire. C’est une conquête historique du mouvement ouvrier imposée à cet Etat unitaire et qui s’est maintenue dans le cadre fédéral. Il n’appartient donc pas aux parti bourgeois de la marchander et de la dépecer dans le cadre de leurs querelles.

En outre, cerise sur le gateau, le « sauvetage » et la « stabilité » du pays chère à Di Rupo sera justement au coeur de l’offensive idéologique visant à faire accepter l’austérité au mouvement ouvrier. Les sommets FGTB et CSC semblent paralysés dans une fascination hypnotique face à la crise institutionnelle. Ils tombent déjà à pieds joint dans le panneau du chantage exercé par les partis traditionnels selon lesquels une mobilisation sociale d’ensemble ne ferait qu’aggraver la situation politique et précipiter la crise terminale du pays.

Or, il y a urgence. Les négociations d’automne pour un nouvel accord interprofessionnel (AIP) seront cruciales pour déterminer l’ampleur des attaques conjointes du gouvernement et du patronat et pour tester la capacité du mouvement ouvrier à s’y opposer. La réussite d’une telle opposition nécessite que la mobilisation soit lancée sans plus tarder. A ce titre, l’euro-manifestation du 29 septembre à Bruxelles – malgré l’absurdité du mot d’ordre avancé par la Condération Européenne des Syndicats en faveur de la « croissance » - est une échéance importante. Elle doit être conçue comme un point de départ pour une mobilisation interprofessionnelle sans cesse plus large, vers une grève générale de 24 heures afin de tout faire pour repousser à la fois l’austérité capitaliste et l’austérité masquée sous une réforme anti-sociale de l’Etat.

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