Tiré du blogue de l’auteure.
Dans un entretien au quotidien Daily Maverick, elle a expliqué son engagement pour le climat en voyant l’impact de la sécheresse autour d’elle, et les dégâts des dernières tornades et cyclones qui ont dévasté l’Afrique australe. « Les gens les plus touchés ne sont pas la plupart du temps la cause du problème. Je veux que l’on sache qu’il n’ y a pas que les gens privilégiés qui sont conscients du changement climatique. Ils ne sont pas les seuls à avoir des problèmes. Beaucoup de ces gens protestent parce que la qualité de l’eau se dégrade, mais nous, nous buvons cette eau et nous estimons que nous avons de la chance d’avoir de l’eau ».
Pour Ayakha Melithafa, l’eau est un souci quotidien. Sa mère qui cultive un lopin de terre dans la province voisine n’a pas pu faire de semis cette année à cause de la sécheresse et cette enseignante à la retraite ne sait pas comment elle va pouvoir nourrir ses cinq enfants. « Avant, nous savions quel temps il allait faire, mais maintenant on ne sait plus quand la pluie va arriver, aussi ma mère garde l’eau pour le bétail, mais avec la sécheresse quand une vache meurt, c’est 16 000 rands perdus , ce n’est pas rien ». Quand l’eau a été rationnée pendant la sécheresse, plusieurs de ses amis ont été malades pour avoir bu de l’eau impropre à la consommation parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter de l’eau en bouteille.
Elle admet que la mobilisation contre le réchauffement climatique n‘est pas vraiment une priorité dans le township où elle vit, c’est pourquoi elle essaie de mobiliser autour d’elle sur cette question. « C’est très important pour les pauvres de se joindre à ces manifestations parce que ce sont eux qui subissent les dégâts du changement climatique. Il faut qu’ils se fassent entendre ». (https://www.dailymaverick.co.za/article/2019-09-26)
Cette jeune fille vit dans un pays grand producteur de gaz à effet de serre. L’industrie minière saccage l’environnement à la hauteur de ses profits. L’extraction de l’or autour de Johannesburg a pollué les eaux pour des décennies, les mines de platine saccagent l’environnement, l’air de la province de Mpumalanga, où les mines de charbon sont la principale activité, est irrespirable. Deux mastodontes industriels, Eskom, la compagnie d’électricité et Sasol, le géant pétrochimique, consomment à eux deux les deux tiers des 258 millions de tonnes extraites chaque année en Afrique du Sud. Les centrales à charbon, dont la géante Medupi, construite avec l’accord de la Banque mondiale,et qui n’a pas encore atteint son plein régime, fournissent plus de 80% de l’énergie du pays. L’Afrique du Sud est le pays africain le plus émetteur de CO2.
Le gouvernement et le Président Ramaphosa ont bien reconnu l’urgence de réduire drastiquement l’usage des énergies fossiles, mais le poids du charbon dans la balance commerciale les font encore hésiter, même si l’utilisation des énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien gagnent du terrain. Le charbon compte pour 28% des revenus, devant le platine, ou l’or. Mais si l’on en croit l’agence Bloomberg, d’ici 2030, l’énergie solaire ou éolienne reviendra moins cher que celle produite par les centrales à charbon ou à gaz. Le pays est à un tournant énergétique vital pour l’avenir. L’alarme déclenchée par des jeunes du nord et du sud arrivera-t-elle à faire pencher la balance dans le bon sens sans tarder ?
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