Pourquoi on se mobilise ?
Les modifications du gouvernement Harper apportées au régime d’assurance-emploi comptent parmi les plus importantes offensives qui ont été menées contre les travailleurs et travailleuses. L’objectif n’est pas d’éponger un déficit gouvernemental puisque ce régime est financé par les employeurs et les salariés. Il est d’abord idéologique, comme le démontre la mise sur pied d’une escouade de fonctionnaires supposés débusquer d’éventuels fraudeurs.
« Nous voulons nous assurer que les MacDonald’s de ce monde n’ont pas à faire venir des travailleurs étrangers temporaires pour faire le travail que des Canadiens sur l’assurance-emploi ont les compétences de faire », Diane Finley, ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences
Le rôle de ces « Harper Macoutes » n’est pas d’aider les prestataires à se trouver un emploi mais bien de laisser planer l’idée que les chômeurs et chômeuses profitent du système. Inacceptable. Savent-ils seulement ce que représente la précarité ? Simplement honteux.
Cette idéologie sert à justifier une vaste opération qui précarisera des milliers de familles. D’une part cette réforme obligera les prestataires à accepter un travail à un salaire jusqu’à 30% inférieur et aura pour effet d’offrir aux entreprises une main d’œuvre bon marché. Cela provoquera une pression à la baisse sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail, en commençant par les secteurs d’emplois connexes, compétitivité oblige. Sans parler des femmes, qui verront leur précarité augmenter davantage.
Vider les régions moins favorisées
Pire encore : cette réforme placera aussi des familles et des régions entières devant le choix de devenir prestataires de l’aide sociale, ou de changer de région afin de pouvoir survivre. À la précarité salariale, Harper ajoute un deuxième impact majeur : la mobilité d’une main-d’œuvre à bon marché, vers des secteurs où il veut promouvoir l’expansion : comme ceux présents en Alberta. Pendant ce temps, si le choix des travailleurs et travailleuses est de changer de région, qui occupera les emplois saisonniers dans nos régions ?
Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ?
Le Québec avec les provinces maritimes, sont les régions les plus durement touchées par cette réforme en raison de notre grand nombre de travailleurs et travailleuses saisonniers. Notre défi est d’étendre la mobilisation parce qu’au bout du compte tout le monde sera concerné.
Les Caquistes et les Libéraux sont assez muets sur cette question. Le Parti Québécois a réclamé le rapatriement de l’assurance-emploi au Québec. Proposition à laquelle Harper a adressé une fin de non-recevoir. Il ne s’agit pas pour lui d’une question de partage du budget gouvernemental mais d’une offensive pour précariser le travail comme jamais. Il ne laissera pas le Québec avoir son mot à dire.
Même si elle était rapatriée, l’assurance-emploi se heurterait à l’obsession de l’austérité budgétaire du parti au pouvoir. Il nous apparaît pour le moins inquiétant de mettre en place une telle proposition sans d’abord avoir réfléchi aux moyens de la financer.
Avec un financement adéquat et avec pour objectif de ne pas tuer les emplois dans nos régions mais plutôt de les garder et d’en créer d’autres, la question du rapatriement mérite d’être posée. Pour l’heure, la seule solution est de se mobiliser collectivement pour faire reculer ce gouvernement. Le Québec doit faire sa juste part dans cette lutte pour un meilleur respect de nos travailleurs et travailleuses.