Tiré du blogue de l’auteur.
Êtes-vous musulman ? C’est avec cette étrange question que la police de l’air et des frontières américaine a accueilli Mohamed Ali Jr, fils de la légende de la boxe et ex-Cassius Clay, à l’aéroport de Fort Lauderdale, en Floride, le 25 février. Il est né à Philadelphie, il a quarante-quatre ans et est, bien évidemment, citoyen américain. Il rentrait d’un séjour en Jamaïque, pendant lequel il a participé au Black history month, le mois de l’histoire des Noirs, en compagnie de sa mère, Khalilah Camacho-Ali, qui a été soumise aux mêmes tracasseries et humiliations mais a quand même été autorisée à entrer dans son pays, après avoir tiré de son sac à main une photo de son célèbre et défunt mari, disparu l’an dernier.
Son fils n’a pas eu cette chance, puisqu’il n’avait aucune photo de son père sur lui, et il est resté deux heures dans les locaux de la police de l’aéroport, en ayant dû faire face à des questions totalement surréalistes telles que « d’où tenez-vous votre nom ? ». C’est la première fois que des membres de la famille de l’ancien boxeur sont ainsi inquiétés, alors que, jusqu’à présent, ils ont voyagé sans aucun problème vers d’autres pays, puisqu’ils sont tous citoyens américains. Mais il convient de rappeler que, dans la chasse aux sorcières imposée par Trump contre les musulmans, et digne de celle du début des années 1950 par feu le sinistre sénateur Jo McCarthy contre les communistes et les juifs, tout musulman est un suspect potentiel. Or Mohamed Ali avait choisi l’islam, donc sa famille est suspecte également. Mais la dite police ne s’embarrasse pas de scrupules et étend son zèle digne du roman de George Orwell, 1984, jusqu’aux autres.
Ainsi, l’ex-premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik, en poste de 1997 à 2000 et de 2001 à 2005, a été retenu et interrogé, pendant près d’une heure, à l’aéroport Foster Dulles de Washington, le 3 février, simplement parce que son passeport indiquait qu’il avait séjourné en Iran en 2014, où il avait , en effet, participé à une conférence sur les droits de l’homme. Là, bien que la situation ne prête guère à rire, on peut se demander si la police affectée dans les aéroports américains a pris modèle sur Big Brother ou Le gendarme de Saint-Tropez. Très choqué, l’ex-premier ministre norvégien a déclaré au NYT What will the reputation of the US be if this happens not only to me, but also to other international leaders ? Que va-t-il advenir de la réputation des États-Unis si cela arrive non seulement à moi mais à d’autres chefs d’état étrangers ?
Dans la même semaine l’auteure australienne de livres pour enfants, Mem Fox, qui avait été invitée à un festival par plusieurs éditeurs américains, a été interrogée brutalement et sans aucun ménagement par la police, dans une salle remplie d’autres voyageurs, pendant deux heures, en ayant eu à subir ce qu’elle a expliqué à Bonne Malkin, correspondant du Guardian, disdain, many insults and so much gratuitous impoliteness, mépris, beaucoup d’agressions verbales et tant d’impolitesse injustifiée. Après un tel traitement, à un âge, soixante-dix, qui mérite normalement le respect, elle a avoué s’être précipitée à son hôtel pour y sangloter longuement, et s’est jurée de ne plus remettre les pieds aux États-Unis. La liste est loin d’être exhaustive et n’inclut pas tous les inconnus, les sans-grades humiliés et rejetés depuis que le fascisme est entré à la Maison Blanche.