INTRODUCTION
Aujourd’hui nous voulons exprimer notre gronde ! Comme le dit la thématique de cette année : « Ça gronde : solidaire pour nos droits – ici comme ailleurs les femmes se lèvent face aux crises ». Nous exprimons notre colère et notre indignation particulièrement face à la crise le système public qui met à mal notre filet social ; la crise économique qui augmente l’insécurité alimentaire, la pauvreté et l’itinérance ; la crise climatique qui touche de façon disproportionnée les plus vulnérables et enfin les crises internationales et particulièrement les guerres.
Pendant la marche nous allons faire 4 arrêts, dont celui -ci et à chaque arrêt, nous vous présenterons des œuvres artistiques qui ont été faites par une quarantaine de femmes et d’enfants hier après-midi.
Sentez-vous cette gronde qui vous habite ? On va essayer de la sentir toutes ensemble alors je vais demander aux percussions qui sont devant, les batucadas, de nous rythmer cette gronde. Allons-y…. Est-ce que vous êtes capable dans la marche de faire résonner cette gronde avec vos pieds ? Avec les batucadas j’aimerais vous entendre. C’est cette gronde qui va nous animer tout au long de la marche !
Hier, des enfants ont créer des phénix, je les invite à venir sur la scène pour que vous puissiez voir leurs œuvres remplis d’espoir pour l’avenir, car après la colère et le feu qui nous anime, le phénix renait toujours de ces cendres.
CRISE DU SYSTÈME PUBLIC
Pour commencer, nous sommes en diagonale du ministère des finances, parlons de la crise du système public !
Ça gronde ICI parce que nous avons un gouvernement d’entrepreneurs de droite qui pense que tout se règle grâce à la privatisation, qui vient de passer une loi sous bâillon pour reformer le système de santé en allant vers plus de centralisation et de privatisation et en ôtant le pouvoir d’agir de certaines travailleuses, particulièrement les sages femmes et les infirmières. Les infirmières d’ailleurs qui sont toujours en grève pour faire valoir leurs droits et nos droits car, comme elles le disent : leurs conditions de travail sont nos conditions de soins ! Ça gronde face à ce gouvernement qui a fait le choix de se priver de 1,7 milliards de dollars par année en baisse d’impôts dans le dernier budget, trouant encore plus notre filet social qui échappe les plus vulnérables. Comme les femmes sans RAMQ qui doivent payer jusqu’à 1000$ pour un avortement et 18 000$ pour un accouchement.
Ça gronde AILLEURS, face à la monté de l’extrême droite partout dans le monde qui coupe dans les services publics. Comme en Argentine, ou le président s’est engagé à couper à la tronçonneuse les dépenses publiques, ainsi que les aides sociales. Ou au Brésil, ou en Italie, ou en Hongrie, ou aux E.U, Les démocraties tombent les unes après les autres entre les mains de leaders de l’ultra droite, qui se soutiennent entre eux et sabrent dans le système public.
Ça gronde face à cette crise du système public, mais notre feu peut tout changer ! Grâce aux luttes que nous avons menés ensemble dans le passé, nous avons faits des gains importants dans notre système public : les mobilisations des groupes de femmes et des groupes communautaires ont mené à la création des CPE, les syndicats et les groupes de femmes se sont battus pour obtenir l’équité salariale ! Nous devons encore faire pression sur le gouvernement pour sauver notre système public, nos écoles publics, notre système de santé. Un réinvestissement massif dans nos services publics et programmes, c’est urgent !
CRISE ECONOMIQUE
Ça gronde ICI, face à l’inflation et à la montée de l’insécurité alimentaire. Ça gronde car les femmes sont encore plus pauvres que les hommes. Ça gronde parce qu’il n’y a plus assez de logements abordables, salubre et sécuritaire, que l’itinérance augmente de façon dramatique pendant qu’une poignée d’individus s’enrichissent à coup de rénoviction. Ça gronde lorsque des femmes sont contraintes de rester avec un conjoint violent faute de logement ou qu’elles doivent répondre à des avances sexuelles de leur proprio ou coloc pour avoir un toit ou qu’elles doivent couper dans leurs besoins essentiels pour nourrir leurs enfants ou choisir entre s’acheter des fruits ou une boite de tampons. Ça gronde car ce stress constant met en péril leur santé physique et mental.
Ça gronde AILLEURS car pour répondre à la crise économique, le système capitaliste nous pousse à consommer toujours plus et produire à moindre coûts. Au Bengladesh les femmes cousent des dizaines de jeans pour 6$ par jour dans des conditions exécrables, afin que les Joe Fresh, Lululemon, Amazone de ce monde s’en mettent plein les poches. Depuis 2020, les cinq personnes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune, tandis que les 60 % les plus pauvres ont perdu de l’argent. Alors que les 1 % les plus riches de la planète possèdent 43 % de la richesse mondiale, 1 pers sur 10 souffrent de faim dont les 2/3 sont des femmes et des filles.
Ça gronde face à cette crise du système public, mais notre feu peut tout changer ! En 1995, plus de 800 québécoises ont marché pendant 10 jours pour lutter contre la pauvreté, elles ont entre autres gagnées la perception automatique des pensions alimentaires, un pas vers l‘autonomie économique des femmes ! Récemment, les groupes de lutte à la pauvreté ont gagné le nouveau programme de revenu de base, qui permet à certaines personnes prestataires de l’aide sociale - malheureusement pas toutes- d’être en couple tout en recevant chacun leur chèque, autre pas vers l’indépendance financière des femmes. Nous devons continuer notre lutte pour que chaque être humain puisse vivre dans la dignité et nous demandons une meilleure répartition de la richesse- et pour ça, les plus riches et les grandes entreprises doivent payer leur juste part- pour sortir des crises qui se succèdent et se superposent.
CRISE CLIMATIQUE
Nous nous arrêtons ici, dans cet ilot de chaleur (remarquez qu’il n’y a aucun arbre sur la place) pour parler de la crise climatique.
Ça gronde ICI lorsque l’urgence d’agir face au changement climatique est porté en majorité par des jeunes et des femmes et non par le gouvernement. Que les solutions face aux GES sont d’élargir des routes plutôt que d’investir dans un réseau structurant, ou de subventionner des VUS électriques plutôt que de taxer les véhicules énergivores, ou encore de permettre à des méga-usine de batterie, sous couvert de transition énergétique, de se construire sans BAPE. Ça gronde quand le CALACS de Charlevoix nous dit qu’elles ont observé une augmentation des violences envers les femmes suite au stress dû aux inondations qui ont touché leur région.
Ça gronde AILLEURS partout dans le monde car nous venons de dépasser les 1.5 degrés de réchauffement climatique ! Ça gronde car les femmes vivent les conséquences de la crise climatique de façon disproportionnées. Elles ont 14 fois plus de risque de mourir en cas de catastrophes naturelles. Ce sont aussi elles en majorité qui portent la charge d’acheter bio, local, de passer au zéro déchet. Ça gronde car les émissions des 1 % les plus riches du monde sont deux fois plus élevées que les émissions de CO2 de la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Ça gronde car face aux entreprises pétrolières et gazières qui génèrent des dizaines de milliards en bénéfices nos gouvernements ont trop souvent courbé l’échine et fermé les yeux.
Ça gronde face à cette crise climatique, mais notre feu peut tout changer ! Le rapport de force, c’est à nous de le créer pour que nos décideurs mettent en place des mesures pour nous sortir de notre dépendance aux énergies fossiles et prendre soin des gens et de la planète. Les groupes sociaux ont réussi à stopper GNL Québec. Des femmes autochtones marchent pour la préservation de l’eau et luttent contre les projets d’oléoducs. Nous demandons une transition énergétique qui ne se fait pas au détriment de nos écosystèmes, nous voulons un BAPE pour le projet Northvolt. Nous réclamons une justice sociale et environnementale qui contraint les plus gros pollueurs !
Sortir la bannière : Pour la défense du climat, abolissons le patriarcat.
CRISES INTERNATIONALES – GUERRES
Dernier arrêt, et non le moindre, pour parler des crises à l’internationale, et particulièrement des guerres et des violences.
Ça gronde ICI, lorsque face aux guerres, aux déplacements de population et aux violences vécues par des femmes et des enfants, le gouvernement décide de restreindre l’accès aux réfugiés, et fait porter le poids de la crise du logement aux personnes immigrantes. Faut-il rappeler les responsabilités de notre pays- parmi les pays les plus pollueurs- face aux nombre croissant de réfugiées climatiques ? Ça gronde lorsque le gouvernement Canadien refuse de reconnaitre le génocide qui se passe en Palestine et qu’il continue à fournir des armes qui tuent des enfants.
Ça gronde AILLEURS , en Ukraine après 2 ans de guerre alors qu’une réfugiée sur quatre subit des violences sexuelles ou physiques après avoir fui le pays ; en Iran ou des femmes se font torturer et tuer pour avoir réclamer le droit d’être libre de dire et porter ce qu’elles veulent ; au Soudan, alors que 6 millions de personnes ont été forcée de quitter leur foyer, et que les femmes et les enfants vivent plus de violences physiques, d’abus et d’exploitation sexuels ; ça gronde en Palestine, où les deux tiers des 30 000 morts sont des femmes et des enfants, où 2 mères sont tuées par heure et où la famine sévit.
Ça gronde face aux guerres et aux violences vécues par les femmes, mais notre feu peut tout changer ! Des femmes ont toujours résisté aux guerres pour protéger leurs enfants, leur territoire mais aussi leur corps trop souvent utilisée comme arme de guerre. Nous ne devons pas fermer les yeux sur ce qu’il se passe dans le monde ni se cacher derrière nos frontières, au contraire, plus que jamais nous devons être solidaires envers toutes ces victimes.
Pour cela, j’appelle 2 organisatrices du mouvement Québec-Palestine à scander quelques slogans avec nous :
Voici la fin de la marche ! Nous avons crié notre colère, et fait sortir ce feu qui nous habite, ce feu qui peut tout changer. Gardons ce feu et laissons-le grandir en nous, restons solidaires et unis pour combattre les injustices ICI et AILLEURS ! On se revoit l’année prochaine, le 8 mars 2025, pour un grand évènement : Le Lancement de la Marche mondiale des femmes !!!
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