Tiré de À l’encontre.
Il s’agit du taux le plus faible jamais enregistré dans une élection présidentielle « pluraliste » en Algérie. A titre de comparaison, le taux de participation a été de 75,68% en en 1995, 60,91% en 1999, 58,08% 2004, 74,56% en 2009 et 50,7% en 2014, l’année du contesté quatrième mandat de Bouteflika.
Autre particularité de cette présidentielle : une participation quasi-nulle dans deux wilayas : Bejaia et Tizi Ouzou où la journée de jeudi a été marquée par des manifestations, avec des violences.
A Bejaia, la participation a été de seulement 0,21%, soit « 1181 électeurs », souligne la page Bejaia Sois L’Observateur ce vendredi matin. Avant de s’interroger : « D’où provient ce taux, sachant que tous les bureaux de vote ont été fermés ? »
Le scrutin a également été perturbé dans des localités situées à Boumerdès, Bouira, Bordj Bou Arreridj, Sétif et Jijel. Des manifestations ont eu lieu tout au long de la journée dans plusieurs wilayas : Alger, Constantine, Bordj Bou Arreridj, Bejaia, Bouira, Tizi Ouzou, Tlemcen… Plusieurs dizaines d’arrestations ont été enregistrées à travers le pays. A Alger, la police a réprimé les manifestants en fin de journée. Des incidents ont éclaté dans le quartier populaire de Belcourt.
Hier soir, le candidat Abdelmajid Tebboune arendiqué une nette victoire, avec plus de 64% des voix [58,15% selon le « résultat officiel » communiqué le 13 décembre à 11h]. « Il n’y aura pas de second tour. Les rapports des directeurs de campagne de wilayas, après la fin de l’opération de dépouillement des bulletins de notre candidat au niveau national, montrent la victoire d’Abdelmadjid Tebboune avec 64% des voix », a déclaré à TSA son directeur de campagne Mohamed Laagab.
M. Laagab a ajouté que « dans 35 wilayas, M. Tebboune a obtenu plus de 65% des suffrages exprimés », et dans les 13 wilayas restantes, « il a obtenu entre 42% et 56% des voix ». Mais trois autres candidats, Bengrina, Belaid et Mihoubi, revendiquent timidement un second tour.
Les premiers résultats seront annoncés ce vendredi 13 à 11 heures par l’ANIE lors d’une conférence de presse. (Article publié par TSA, le 13 décembre 2019)
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Une abstention record, dans un contexte de contestation massive
Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika, a remporté, dès le premier tour, l’élection présidentielle en Algérie, a annoncé vendredi 13 décembre l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
M. Tebboune a recueilli 58,15 % des suffrages, a indiqué le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, lors d’une cérémonie officielle, au lendemain d’un scrutin marqué par une abstention record et qui s’est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir en Algérie depuis l’indépendance en 1962.
Seul le 39,93% des inscrits ont voté, jeudi, au premier tour (41,41 % sur le territoire national et 8,69 % pour les Algériens de l’étranger) selon Mohamed Charfi [président de l’ANIE]. Ce taux est le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie. Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin – le plus faible jusqu’ici – qui, en 2014, avait vu la quatrième victoire de M. Bouteflika.
Démonstration de force du Hirak
Le Hirak, le « mouvement » de contestation populaire massif et inédit du régime qui a contraint M. Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de cette élection, vue comme un moyen de se régénérer pour le « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962. Ce mouvement exige la fin de ce « système » et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des vingt ans de présidence Bouteflika. Ce qu’étaient les cinq candidats : Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi, Abdelmajid Tebboune.
Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée de jeudi a été marquée à Alger par une démonstration de force du Hirak qui a bravé un très fort déploiement policier pour défiler en masse en scandant « Makache l’vote ! » (pas de vote !). Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre de la capitale, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement.
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