Édition du 12 novembre 2024

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Algérie

Algérie. Les manifestants maintiennent la pression

Cela fait maintenant un mois que les Algériens manifestent dans les rues contre le pouvoir en place. La mobilisation ne s’est pas affaiblie, comme le souhaitent les dirigeants du pays, au contraire. Les manifestants sont sortis dans 42 des 48 préfectures que compte l’Algérie.

Tiré du blogue de l’auteure.

La renonciation du président Abdelaziz Bouteflika à briguer un cinquième mandat n’a fait que raviver la flamme. De fait, à la place d’une cinquième candidature, Bouteflika a proposé la prolongation de son quatrième mandat, qu’il avait obtenu alors qu’il était déjà affaibli physiquement et peut-être même mentalement, comme l’affirment plusieurs commentateurs algériens.

Le peuple ne veut pas d’une solution de rechange, en manifestant, il veut que tout le régime mis en place par l’armée et le président Bouteflika disparaisse, y compris le parti FLN du président qui a cru faire une belle affaire en essayant de se rapprocher des manifestants. Il a été tout simplement rejeté. D’autres personnalités politiques comme le vie-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra sont signalées comme indésirables.

Le peuple a enfin pris les choses en main, ou du moins, c’est ce qu’il désire, estimant que son appropriation de la rue, et donc de la décision politique, lui rend une dignité perdue dans une ambiance politique dominée par un clan qui laisse peu de place aux citoyens pour s’exprimer.

Les manifestants ont, par ailleurs, insisté sur l’unité des Algériens : des affiches le soulignent bien : « « Nous ne sommes ni Kabyles, ni Chaouis, ni Arabes, ni Touaregs. Nous sommes une Algérie. Un seul but, la liberté ». Précision utile pour répondre à une campagne anonyme diffusée sur les réseaux sociaux, attribuée à des soutiens du régime, et destinée à semer les graines de divisions identitaires, rapporte le journal Libération. Les manifestants ont ainsi voulu déjouer le piège dressé par le régime.

Le ras le bol des Algériens s’explique certainement par la détérioration des conditions de vie, qui peut elle-même être rattachée au modèle économique du pays qui repose sur les hydrocarbures. Le pétrole représentait 94,5% des exportations en 2017. Lorsque les prix du baril étaient au plus haut, le pouvoir pouvait s’autoriser de larges dépenses dans les secteurs sociaux.

Cependant, le marché international du pétrole a connu un très sévère retournement de tendance, réduisant les recettes de l’Etat algérien. Des coupes budgétaires étaient alors incontournables. Le déficit de la balance courante inquiétait au plus haut point. Les réserves extérieures ont chuté de 192 milliards de dollars en 2013 à 87 milliards en 2018, ce à quoi le gouvernement a répondu par une restriction des importations. Le consommateur algérien a ressenti cette mesure comme une restriction de sa liberté en tant qu’agent économique. Côté budget, le déficit public est monté à 15,7% du PIB en 2016. Remontée vertigineuse après le 1,4 % du PIB avant le retournement du marché pétrolier en 2013.

En parallèle, le secteur privé n’arrive pas à décoller et à prendre en charge une plus grande part de croissance. L’investissement étranger, quant à lui, est resté bloqué à cause de la législation qui n’autorise l’investisseur à étranger à détenir que 49% du capital, tandis que les 51% doivent être détenus par des personnes physiques ou morales locales.

Résultat de cette économie déséquilibrée, un taux de chômage des plus élevés. Selon l’Office national des statistiques, il flirte avec les 13% mais il atteint 26% chez les jeunes et 18% chez les diplômés de l’enseignement supérieur.

Pour cette jeunesse arrivée à bout, la crise de l’Algérie est due à la mauvaise gestion et à la dilapidation des richesses du pays par une classe politico-militaire corrompue, thème qui revient le plus souvent dans les slogans des manifestants. D’où le refus du prolongement du quatrième mandat, avec les mêmes têtes à l’origine de l’impasse actuelle.

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